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Tanger n'est pas
au mieux de sa forme. Nous le savons tous et beaucoup d'entre-vous ont
exprimé le souhait que cela change. Pour paraphraser John F. Kennedy,
il ne faut plus se demander ce que Tanger peut faire pour nous mais
ce que nous pouvons faire pour Tanger. Agnès Limouzin-Lamothe nous a
donné une piste intéressante : refléchir, débattre entre nous et faire
connaître notre point de vue. Ce n'est que par une approche positive
et constructive que nous pourrons avancer, au-moins dans le domaine
des idées, sur le chemin de la renaissance de notre ville. Afin de lancer
le débat, j'inaugure cet espace par une réflexion personnelle sur ma
propre démarche concernant ce site. J'espère que vous serez nombreux
à réagir et à vous exprimer. Adressez-moi vos messages sur le lien suivant:
Débat
Tangérois.
Vous pouvez également utiliser le formulaire suivant, en vous rappelant
la possibilité d'incompatibilités techniques avec certains fournisseurs
d'accès ou navigateurs. Dans ce cas, je vous préviendrai afin que
vous m'adressiez vos contributions par e-mail. Bien entendu, tout
message pourra être retiré à la demande de l'auteur et ce, à tout
moment.
Mourad
Akalay, Maroc
(4/03/2007)
Tanger : Quand le vent du changement
l¹emporte sur le chergui
Candidate
à l'accueil de l'Exposition Universelle de 2012, Tanger
se mobilise avec fébrilité, pour relever le défi.
Partout, des affiches, des logos taggés sur les portières
des taxis ou sur les carrosseries d¹autobus rappellent
le leitmotiv de l'heure : faire adhérer à ce nouveau
défi une population rendue rétive, après
l¹expérience malheureuse du dernier Mondial.
Donnant
le la, les autorités mènent, tambour battant,
le chantier de l'embellissement de la ville, avec il faut le
reconnaître un réel succès. La population
en croit à peine ses yeux, tant elle se sentait oubliée,
surtout depuis la mise à l'écart de sa ville,
la doyenne des villes du Mare Nostrum, lors des Jeux Méditerranéens
de 1983 !
Le précédent
des Jeux Méditerranéens
Ce fut un
véritable coup de blues que les coutumiers de la Méditerranée
ressentent les jours de grand Chergui ! Avec la différence
près que celui-là ne devait pas être que
passager... Comment accepter que l'organisation des Jeux Méditerranéens
leur file sous le nez ? Nier l¹identité de leur
ville était une couleuvre difficile à avaler,
tant étaient nombreux ceux qui ne pouvaient concevoir
la «méditerranéïté» du
Maroc sans Tanger.
Méditerranéenne déjà quand elle
s'appelait Tingis, le comptoir commercial florissant fondé
par les Phéniciens 15 siècles avant J.C., la capitale
de la Maurétanie Tingitane 3 siècles avant J.C.,
puis tour à tour phénicienne, romaine, vandale,
byzantine et wisigothe, Tanger pouvait à juste titre
se considérer comme le creuset de toutes les cultures
méditerranéennes !
La capitale du Nord n'a-t-elle pas été «le»
passage obligé quand, en 711, Tarik Bnou Ziyad traversa
victorieusement la Méditerranée ? Ce qui lui valut,
après le reflux, d¹être occupée dès
le XIVe siècle, tour à tour, par chacune des puissances
maritimes de l'époque (Portugal, Espagne, Angleterre)
et ne fut récupérée par le Maroc qu'en
1684, pratiquement en ruines. Reconstruite, elle devint sa capitale
diplomatique pendant plus de deux siècles et ne perdit
sa souveraineté qu¹en 1923 avec l¹instauration
du statut international.
C'est vrai que, depuis le début des années soixante,
Tanger n¹était plus belle à voir, frappée
qu'elle était d¹une malédiction qui s¹abattait
sur tous ses projets de relance ! Elle finit par se considérer
«non grata» !
Il est également vrai qu'au début des années
80, la ville, grossie par l'exode rural, commençait à
pâtir durement des coupures d'eau, le modeste barrage
Ibn Batouta s'avérant insuffisant en été
pour compenser la baisse continue du niveau de la nappe phréatique
de Charf El Akab. Pour mémoire, la construction du barrage
sur l¹oued El Hachef, différée à plusieurs
reprises, ne fut finalement achevée qu'en 1995. Entre
temps, le cadre de vie et l¹activité économique
ont en pris un sacré coup. Difficile donc d¹organiser
les Jeux dans une ville «à sec» dans tous
les sens du terme.
Pourtant, d¹aucuns ont cru, mordicus, que l¹organisation
des jeux aurait pu débloquer le projet de construction
de l'indispensable barrage. Pour d¹autres, ce n¹était
là que pure chimère ! à l'appui de leur
scepticisme, ils rappelaient que Tanger attendait toujours,
à l¹époque, la tonalité du téléphone
automatique international, alors que, par exemple et tant mieux
pour les Tazi, Sidi Allal Tazi en disposait depuis déjà
cinq ans !
Souffrant donc d¹un grand déficit d¹infrastructures
et au risque de sombrer dans un marasme économique profond,
Tanger s'est livrée, pieds et poings liés aux
promoteurs qui se sont opportunément saisis d¹une
triple aubaine. La disponibilité de capitaux d¹origines
pas toujours claires, l¹existence d¹un patrimoine
foncier encore vierge même au centre-ville, l'absence
d¹un contrôle rigoureux en matière d¹aménagement
urbanistique. L¹omnipotence des seigneurs du béton
qui, comme chacun sait, n'ont jamais eu d¹état d¹âme
quand il s¹agit de préserver l¹environnement
ou l¹esthétique d¹une ville, s'est ainsi durablement
installée.
Le béton-roi
Ce qui frappe
le voyageur sur le pont du ferry, au fur et à mesure
qu'il se rapproche des côtes tangéroises, c¹est
la blancheur éclatante de la Kasbah perchée sur
une falaise, aujourd'hui en proie à l'érosion
et aux glissements de terrain. Quand il se rendra sur les lieux,
il constatera que certaines bâtisses datant du XVIIe siècle
présentent des fissurations dangereuses pour les habitants
et les passants d¹un site historique. Heureusement, la
réhabilitation de quelques demeures acquises par des
personnalités de nationalités diverses a contribué
à réduire l¹état de délabrement
dans lequel se trouvaient certaines ruelles et à embellir
bien des façades.
Sur l'autre versant de la jetée du port, le regard du
visiteur qui débarque pour la première fois à
Tanger est accroché par l¹immense plage de sable
fin bordée bientôt sur toute sa longueur par une
haie de constructions compactes dont la hauteur rappelle les
ravages du béton qui ont tant défiguré
la Costa del Sol.
Car à Tanger, les immeubles dont la construction a précédé
les travaux d'aménagement de la corniche, lui ont, en
grande partie, ravi son charme et son élégance.
La construction, juste au pied de la plage, d'édifices
parfois de treize étages, sans retrait suffisant face
au littoral, saccage le paysage. (Avec un certain aplomb, l¹un
de ces immeubles porte impudemment au fronton le nom d'un promoteur
immobilier de la place, en grosses lettres s'il vous plaît,
visible à des kilomètres !)
Dans une ville toute en pente, le bon sens aurait pourtant voulu
que les premières lignes de construction ne ferment pas
complètement l¹horizon aux secondes lignes et ainsi
de suite. Des zones non constructibles auraient dû séparer
les grands pâtés d¹immeubles pour aérer
davantage l¹espace et permettre ainsi d¹élargir
la perspective visuelle de n'importe quel point de la zone côtière.
Ce ne fut malheureusement pas le cas ! Résultat : les
promoteurs immobiliers s'y sont donnés à c¦ur
joie pour violer la sacralité du littoral, sans frein
aucun puisque les élus, censés les contrôler,
peuvent eux-mêmes s'ériger, directement ou indirectement,
en promoteurs immobiliers, aucune incompatibilité professionnelle
n'étant imposée en la matière.
Par chance, le tracé de la voie panoramique prévue
par le plan d'aménagement de 1948, plus connu sous le
nom de son auteur, l'architecte italien Messina, a pu limiter
les dégâts. Ce garde-fou a permis aux nouvelles
autorités locales, une fois supprimée la voie
ferrée qui longeait la plage, de dégager l'espace
du domaine maritime indûment occupé par quelques
restaurants balnéaires. Les promenades du bord de mer,
victimes de l'ensablement et de l¹avancée des dunes,
ont subi par la même occasion un véritable lifting.
Un bémol cependant, la propreté de l'eau demeure
incertaine tant que les travaux d¹assainissement ne seront
pas menés à leur terme.
Au demeurant, la remise à niveau, c'est bien le cas de
le dire, de la corniche et des promenades piétonnes de
la plage redonnent à la ville une fraîcheur et
un goût de vivre qu¹elle avait totalement perdus.
Cerise sur le gâteau, la magnifique avenue qui en a résultée,
rebaptisée Mohammed VI, a su redonner toutes ses couleurs
de jeunesse à une cité jadis première station
balnéaire du royaume et qui peut, à présent,
prétendre sérieusement le redevenir !
Quant aux nouveaux quartiers périphériques, ils
continuent de pousser comme des champignons, ce qui ne facilite
pas les problèmes de circulation, vu que les centres
commercial et administratif se trouvent toujours au coeur de
la cité.
La circulation
automobile
Le problème
de la circulation automobile au centre-ville est un véritable
casse-tête que des décennies de laxisme n¹ont
fait qu'empirer. En rognant sur les espaces verts dans une ville
toute en pente, le béton, outre qu¹il a sérieusement
entamé l'esthétique de la ville, a supprimé
toute possibilité d¹aération de la cité.
La situation est aggravée par un manque cruel de parking
car la plupart des immeubles construits ces quarante dernières
années n¹ont guère été dotés
de garages pour leurs locataires, ce qui a pour conséquence
d'encombrer les voies de circulation et pose de sérieux
problèmes de stationnement malgré l¹installation
des parcmètres.
Les piétons n¹y trouvent pas non plus leur compte
puisque aucun recul n¹a été imposé
aux promoteurs d¹immeubles intéressés surtout
par une maximisation des surfaces commerciales. Les quelques
galeries piétonnes n¹ont donc été
prévues que perpendiculairement au domaine public, juste
pour drainer les badauds à l¹intérieur des
Kayssariates.
Les trottoirs rendus étroits sont encombrés par
toutes sortes d'ouvrages. Il y a les armoires téléphoniques
qui, soit dit en passant, devraient être logés
dans l¹enceinte des grands immeubles où elles seraient
plus en sécurité, ou autrement, plaquées
contre les murs. Les cabines publiques gagneraient à
être murales ou carrément accolées aux abris
bus. Les poteaux téléphoniques et électriques
devraient être tout simplement déposés dans
le centre-ville au profit d¹ouvrages souterrains ou au
pire remplacés par une distribution en façades
d¹immeubles. Sans parler de ces gigantesques panneaux publicitaires
plantés sur d¹énormes socles en béton
(celui accolé à l¹enceinte du consulat de
France dans le sens de la longueur n¹en occupe pas moins
40% de la largeur du trottoir !). Il ne faudrait donc pas s'étonner
de voir les piétons déambuler sur la chaussée
au grand dam des automobilistes obligés de ralentir indéfiniment,
dans des files de voitures ressemblant souvent à des
colonies de chenilles !
Par bonheur, l'ouverture en cours, sur le flanc des jardins
de la Mendoubia, d¹une voie de dégagement longeant
l¹ancien cimetière de Sidi Bouarrakia, devrait éviter
l¹asphyxie du Souk de Barra et rendre plus fluide le trafic
automobile aux abords immédiats de la Médina.
Espérons que cet espace vert sera précieusement
sauvegardé !
Le cauchemar des mois de juillet août, avec l¹arrivée
des vacanciers devrait normalement prendre fin dès la
mise en service prochaine du nouveau port appelé également
à soulager la ville du trafic de transit, celui des camions
TIR comme des particuliers.
Il n¹en demeure pas moins nécessaire de prévoir
une voie de contournement périphérique le long
de la côte atlantique, reliant le port actuel, sans passer
par le centre-ville, aux quartiers du Dradeb, Kasbah, Marshan,
la Montagne, Val Fleuri, Lbranes, Bni Makada, Plaza Toro, Tanja
Elbalia. Cette voie de circulation rapide devrait soulager le
centre-ville de l¹écoulement de tout le trafic entre
zones périphériques, et celui provenant des zones
industrielles, de l¹aéroport, de l¹autoroute
et des routes nationales.
La genèse
du changement
La nomination
en 1998 de leur concitoyen Si Abderrahman Youssoufi comme Premier
ministre fut ressentie ici comme le début de la fin de
la «quarantaine». Si, pour les plus sceptiques,
une hirondelle ne fait pas le printemps, le choix en septembre
1999 de Tanger par le nouveau monarque pour y accomplir sa première
visite officielle dissipa définitivement le doute. Un
immense espoir devait naître et se renforcer de jour en
jour avec, d¹abord l'accélération des travaux
des chantiers programmés depuis belle lurette, tels ceux
de l'autoroute Rabat-Tanger, la rocade méditerranéenne,
la nouvelle gare, l¹extension de la zone industrielle,
puis le lancement des travaux du grand stade et surtout ceux
du tout nouveau port.
Les services publics concédés à l'exception
de celui du ramassage des ordures allaient révéler
très vite leur efficacité, en particulier en matière
de transport urbain. Pour la distribution d¹eau et d¹électricité
des progrès sensibles ont été réalisés
même si un bug de facturation et le retard dans la mise
en service de la station d¹épuration ternissent
quelque peu ce palmarès. Cet élan sans précédent
depuis l¹indépendance allait se confirmer de jour
en jour, surtout depuis la nomination du nouveau Wali. (Un constat
suffisamment rare pour ne pas le passer sous silence !)
La propreté de la ville semble être sérieusement
reprise en mains avec l'entrée en activité depuis
janvier 2007 de la nouvelle société TECMED qui
a succédé à une entreprise elle aussi privée
défaillante. Pour une fois, le cimetière d¹Al
Moujahidine qui était devenu un véritable dépotoir
n'a pas été oublié non plus. Des poubelles
neuves sont placées partout à la portée
du public qu¹une campagne de sensibilisation devrait inciter
à plus de volontarisme, notamment de la part des parents,
dans l¹éducation pédagogique de leurs enfants.
Les nouveaux supermarchés installés à la
périphérie drainent déjà vers eux
une partie non négligeable du trafic automobile qui s¹écoulait
jusqu¹à présent vers le centre-ville.
L¹embellissement en cours des principales artères,
la réhabilitation des terrains vagues et des jardins
publics abandonnés depuis des lustres, apportent une
note de gaieté dans les quartiers.
Le point d'orgue de ces transformations est sans conteste le
réaménagement de la Place du 9 Avril et l¹ouverture
du jardin de la Mendoubia véritable poumon de la Médina.
Celle-ci a recouvré toute sa luminosité, qu¹assombrissaient
les hautes murailles de la Mendoubia et l'épais nuage
de pollution engendré par la circulation automobile.
La rue d¹Italie avec ses constructions du début
du XXe siècle a retrouvé l¹éclat dont
témoignent encore les photos des années 1920.
Deux bémols pourtant à ce tableau presque idyllique
: la nécessaire réhabilitation des façades
aveugles des constructions de la rue Josafat, et la disparition
inexorable du théâtre en plein air qui ne disposera
plus de l¹environnement requis pour y accueillir les manifestations
culturelles.
Il sera donc certainement nécessaire de lancer des concours
d¹architecture pour l'embellissement de ces bâtisses
et la réhabilitation du théâtre Cervantès,
qui date de 1923, pour y héberger les activités
culturelles dont la ville est sevrée depuis le début
des années soixante. Le renouveau que vit Tanger sur
le plan des infrastructures et des aménagements urbains
garderait, en effet, un goût d¹inachevé sans
la remise en état de cet édifice qui fait partie
intégrante de son histoire cosmopolite de cité
ouverte sur toutes les cultures du monde.
Le 9 avril prochain sera peut-être ainsi l¹occasion
de fêter le soixantième anniversaire du discours
historique de Mohammed V tenu en cette même place, dans
un espace régénéré et digne de la
signification et de la portée d¹un tel évènement.
Car, last but not least, la tradition politique doit pouvoir
recouvrer tous ses droits dans une ville qui, jusqu¹à
son rattachement au Maroc indépendant en 1957, a toujours
été la base arrière du mouvement national.
C¹est en effet à Tanger que l¹Emir Chakib Arsalane
établit ses premiers contacts avec le nationalisme marocain
au début des années 30, et c¹est dans ses
murs que Allal Fassi, Bel Hassan Ouazzani et Cheikh Mekki Naciri,
pour ne citer que les leaders les plus connus, trouvèrent
refuge aux pires moments de la répression coloniale.
C¹est aussi dans cette ville qu¹est né et a
grandi Ali Yata.
Peut-être qu'en souvenir de ce passé militant,
la Capitale du détroit pourrait-elle fêter solennellement
l'année prochaine, dans ses nouvelles parures, le cinquantième
anniversaire de la tenue de la première conférence
maghrébine. C¹est effectivement en 1958 que les
partis de l'lstiqlal, du Destour et du FLN, lancèrent
pour la première fois, depuis Tanger, un appel à
l'unité maghrébine. Une occasion opportune pour
les partis progressistes actuels de montrer le chemin tracé
par leurs aînés.
Comme quoi le vent du changement, s¹il ne se cantonne pas
seulement dans des aspects purement technocratiques, peut affecter
même la politique, mais là, c¹est une autre
paire de manches !
Mohammed
BENZIANE, Maroc (09/12/2006)
En naviguant
je suis tombé par hasard sur le site « TANGER ».
Aussi ai-je lu quelques passages sy rapportant et je fus
pris soudainement par une nostalgie telle que jai été
pris de frissons.
Ainsi et sans men rendre compte, jai saisi mon style
pour traduire le plus sincèrement possible les sentiments
que jai ressentis et que je ressens à chaque fois
quil sagit de Tanger et de les transmettre à
celles et à ceux qui gardent encore, peu ou prou quelque
lien filial avec cette ville mythique, cette belle cité,
ce leu unique qui est ma mère, mon amante, ma nourrice,
mon âme et mon esprit. Tangérois de langue date
(XVIIème siècle) preuves à lappui,
je suis né en 1946 au quartier de la « KASBA »,
rue « KAOUS BEN ABBOU », en face de la demeure du
lettré « SIDI BEN ABDELAH GENNOUN » et à
quelque mètres du mausolée « SIDI AHMED
BOU KOUJA ».
Mon père, que dieu lait en sa sainte miséricorde,
était dans sa jeunesse gardien de but de deux prestigieux
clubs de football tangérois : « AL MAGHREB »
et « AL HILAL ». Il était surnommé
« RUSSIA » car il avait travaillé comme garçon
de courses à la légation de Russie sise dans le
temps au plateau du Marshan.
A lâge de cinq ans, mon père ma inscrit
à « lécole primaire des Indigènes
du Détroit » au quartier « SIDI BOUKENADEL
», face au détroit de Gibraltar, tout près
de lex palais-restaurant « LES 1001 NIUTS »
de Brion Gysin et de nos jours, juste en face de la résidence
dété du grand couturier Ives Saint-Laurent.
Cette école portait le nom «INDIGENES ».
Je ne sais encore aujourdhui le sens de ce terme. Est-ce
celui de déshérité, de nécessiteux
ou celui de vrai habitant cest-à dire dautochtone.
(Il y avait à peu près 200 mètres de notre
établissement, une autre école primaire qui sappelait
« ECOLE DES FILS DE NOTABLES » !
Enfin, les années passées, dans ce temple du savoir,
aujourdhui asile pour des enfants des rues « DARNA
» sont, et de loin, les plus belles années de ma
vie.
Dans le temps, je priais dieu décourter les grandes
vacances dété pour pouvoir retourner en
classe. Cela était du à la bonté, à
la générosité, à la conscience professionnelle
et à la gentillesse sans bornes du corps enseignant et
en particulier à deux personnes :
-Melle Peerson, institutrice émérite, ayant le
métier dans le sang. Opiniâtre, impartiale et sérieuse.
-M Pert-Ellec, directeur et en même temps instituteur
breton, homme droit, exemplaire et sans reproche.
Mes études primaires achevées, jai quitté
en pleurant ce hâvre de paix, de bonne entente et de savoir
pour regagner le cours complémentaire actuellement école
« Zaitouna »situé a la monté du paséo
Cenarro.
Là, ce fut complètement différent, car
habitué aux seuls élèves des quartiers
Kasbah, Sidi Bouknadel, Amrah (quartier de Barbara Hutton) et
Hafa (quartier de Paul Morand),je fus en contact avec dautres
nouveaux compagnons mais qui, eux, arrivaient de tout Tanger
et même de sa périphérie puisque cet établissement
était le seul collège marocain de la ville. Toutefois
il fonctionnait exactement comme le lycée Regnaut. Dailleurs
ne passait-on pas les examens ensemble ? (B.E.P.C & Baccalauréat).
Comme moi, Tahar Ben Jelloun et son frère Mohammed fraichement
arrivés de Fès (Octobre 1955) firent leur CM2
avec moi et une partie du groupuscule émanant de «lEcole
des Indigènes du Détroit ».
Ma sixième, la sixième B était dun
effectif qui ne dépassait guère la trentaine.
Cétait en 1956. Je vais essayer de citer quelques
noms peut être liront-ils ces lignes et écriront-ils
à leur tour sur ce merveilleux site. (Tribak, Settati,
Ouakrim, Touihar, Lebbar (le jeune), Kabbaj, Hnot (le cadet),
Zerrouk, Sérifi , Temsamani ... etc).
Je fus de même désemparé devant le grand
nombre de professeurs. Nonobstant, tous étaient à
la hauteur de leur tâche, et pour cela, je ne les ai pas
oubliés :
M. Clostre (Directeur), MM. Pupier, Fontarel gendouz, Saison,
Derrisy, Bennani. Melle Désarmagnac, Mme Paoli professeurs.
Cette étape de ma vie fut vécue dans une insousiance
totale, une ambiance joyeuse calme, sécurisante et un
environnement sain et propre à souhait.
Cependant, beaucoup de choses ont changé ou plutôt
ont disparu de nos jours. Il est vrai que toutes les cités
se sont métamorphosées, en bien pour la plupart,
et en mal pour dautres, Toutefois pas autant que Tanger.
Aussi, vais-je essayer de poser quelques questions auxquelles
les fils et les filles de cette malheureuse cité devront
répondre sils ressentent encore une once daffection
pour leur progénitrice et essayer de proposer quelques
solutions pour sa régénération.
Quest-il advenu :
- Aux nombreuses librairies qui étaient disséminées
dans les rues et boulevards, de ma cité ?
- A la qualité de lenseignement qui sy prodiguait
?
- A ce temple dart qui était le cinéma «
Cervantès » ?
- Au grand nombre dhôpitaux et de dispensaires qui
recevaient à bras ouverts et gratuitement tous les malades
qui sy présentaient et ce, sans discrimination
ni sociale, ni raciale ni religieuse ? (Hôpital espagnol
et ses nombreux dispensaires, hôpital italien et son dispensaire,
hôpital anglais, dispensaire Fendaq Chigera, dispensaire
franco-musulman)
- Au grand nombre de centres de bienfaisance qui offraient aide
et soins à tous les nécessiteux ?
- Au rôle social qui jouait le bureau de pêche du
port lequel à chaque saison fournissait à tour
de rôle aux poissonniers du marché central un thon
ou un espadon quils vendaient au détail et à
un prix modique aux tangérois à la bourse la moins
fournie ?
- Aux vestiges et aux monuments ? (Bab Raha, Doutais et sa fameuse
fontaine murale, les Grottes dHercule qui partent en miettes,
la place de la Kasbah, le cimetière des Romains, les
murailles phéniciennes, les murailles de la Kasbah
)
?
- Aux belles salles de cinéma ? (Alcazar, Capitol, Américain,
Vox, Rif, Al Mabrouk, Goya, Maghreb) ?
- Au casino qui recevait les meilleurs chanteurs du monde ?
- Aux arrivées massives dacteurs, décrivains,
des peintres qui sillonnaient à longueur de journée
les belles ruelles de la kasbah ou se prélassaient sur
le sable fin et doré des nombreuses plages de la ville
et de ses environs ? (Lex Barker, Mel Ferrer, Stewart Granger,
Victor Mature, Barbara Stanwick, Deborah Kerr, Lawrence Harvey
qui avait passé sa lune de miel à lHôtel
Al Minzah, Johnny Weismuller, Errol Flymm dont le beau Yacht
était amarré au port, Antony Quinn, Burt Lancaste,
Juliette Gréco, Charles Aznavour, Le grand Jaques Brel
qui avait écrit « La Valse à 1000 temps
» entre Assilah et Tanger, Gilbert Becault, Sting, Les
Rolling Stones, Truman Capote, Paul Morand (Hecate et ses chiens
= Tanger), Joseph Kessel (Le Grand Socco), Samuel Beckett, Hergé
(Tintin), les écrivains de la beat-Génération,
Brion Gysin (Palais- Restaurant « Mille et une nuits »)
et jen passe sans nulle exagération.
- A quelques hôtels très représentatifs
comme Pasadena, Villa de France (ou a séjourné
Delacroix), Cécil, Bretagne
?
- Aux deux piscines publiques dont senorgueillait la ville
? (Parc Brooks et parc Donabo)
- Aux beaux et grands magasins ? (Kent, Monoprix, Galerias Preciados,
Galerias Madrid, Rewachand
)
- Aux nombreux bureaux des grandes compagnes de navigation aérienne
internationales comme « Air France » « Sabena
» « Iberia» « British Airways »
« Lufthansa »
- Aux grandes agences de voyage qui constituaient le plus grand
pôle touristique du Royaume ?
- Aux multiples bureaux et paquebots qui jetaient leur ancre
au port ?
- A la merveilleuse plage municipale avec son sable fin et doré,
ses radeaux surveillés , ses cabines bien rangées
et peintes dune couleur uniforme, à lordre
et la sécurité qui y régnaient, à
la propreté qui la spécifiait, au savoir-vivre
de ceux qui la fréquentaient et à la la compétence
de ceux qui la géraient ?
- Aux espaces verts qui loxygénaient ? (Jardins
de la place des nations, de la route de Tétouan, Corrinda,
Rahrah, Rmilat
).
- Aux bassins-aquariums qui embellissaient toute la longueur
du paséo bordant lactuelle Avenue « Mohamed
VI » ?
- A la propreté des avenues, des rues et des ruelles
?
- A lentretien des marchés que les employés
de la municipalité lavaient à grande eau chaque
jour à 14 heures ?
- A larrosage quasi-quotidien des arbres jalonnant ses
veines et artères ?
- Aux nombreux W.C qui ponctuaient les points les plus fréquentés
?
- Au calme, à la sécurité, au savoir-vivre
qui y régnaient ?
- A la symbolise parfaite entre les races et les réligions
?
- A lentraide spontanée et désintéressée
entre familles, voisins et citoyens ?
... Etc.
Las de cette énumération fastidieuse qui me fait
mal au cur, je laisse choir mon stylo avec lespoir
que ce site reçoive les réponses adéquates
envoyées par tous les membres, dici ou dailleurs,
de la diaspora tangéroise de par le monde.
Omar
AKALAY, Maroc (10/10/2005)
Ces Africains
que l'on tue sont nos frères !
Il
faut faire écho à l¹éditorial d'Ahmed
Zaki publié ce samedi 7 octobre dans les colonnes d'Al-Bayane
sous le titre : « Pas gendarme » !
Les Africains qui prennent d¹assaut les murs des enclaves
européennes de la honte ne sont pas coupables. Ils n'ont
volé personne. Ils n¹ont agressé personne.
Ils n¹ont commis aucun délit punissable dans notre
pays. Ils s'en prennent à un mur qui ne concerne pas
les Marocains.
Ceux qui sont morts ont droit à la prière de l'absent
dans nos mosquées. Il appartient aux autorités
d¹interdire dorénavant d'ouvrir le feu sur ces jeunes
gens, qui sont nos hôtes, qu'on le veuille ou non.
Et parce qu'ils sont nos hôtes, nous avons envers eux
un devoir de solidarité. Ce devoir concerne tous les
citoyens. Il consiste à les aider : c'est-à-dire
leur procurer de la nourriture, des vêtements et des soins
médicaux.
Point n'est besoin de l'Etat pour ce faire. Les citoyens savent
s'entraider. « Bienvenue à l'étranger »,
dit un hadith. Qu'on le respecte au moins en ce mois de ramadan.
Ceci étant fait avant toute chose, il est possible ensuite
de regarder le problème des clandestins en face.
Une première remarque s¹impose. Il n'existe aucun
moyen matériel d'arrêter l¹émigration.
On a beau surveiller les frontières, rien n'y fait.
Durant la guerre d'Algérie, l'armée française
avait procédé à l'électrification
des barrages établis tout le long de la frontière
algéro-marocaine. Cela n'a rien empêché.
On peut tout au moins ralentir le flot d'arrivées. Ceci
suppose une collaboration avec l'ensemble des pays riverains
du Sahara. Chacun doit faire un petit effort pour dissuader
les jeunes de passer en Europe, puisque de toutes les façons,
on ne veut pas d'eux là-bas.
Le Maroc n'a pas vocation à devenir le camp de concentration
ou le mouroir de l'Europe. C'est pourquoi nous avons le devoir,
nous Marocains, de défendre ces jeunes Africains que
le désespoir a poussé à devenir nos hôtes,
à bien les traiter, à coopérer avec les
pays dont ils sont originaires pour canaliser les émigrations
du futur.
Nous avons eu le courage et l'honneur de nous opposer aux exactions
du nazisme européen au cours de la seconde guerre mondiale.
Nous devons rester fidèles à ces valeurs qui sont
les nôtres et les mettre en pratique au profit des jeunes
clandestins qui sont chez nous. Aidons les à vivre !
Khalid CHENGUITI, Canada (23/08/2005)
Pour Tanger
Agissons !
Plusieurs sont ceux qui sacharnent à pleurer les
vestiges dune époque fleurissante dun Tanger
international, sobstinent à glorifier son passé
le qualifiant de révolu, donnent un air de mort à
une ville qui continue dexister, de vivre, de respirer
et de sengouffrer de lamour des ses citoyens ; Tanger
nest pas quhistoire, elle vit par ses détails
qui échappent souvent aux regards, par ses architectures
pittoresques si diversifiées et harmonieuses, par ses
mille lieux gorgés dhistoire, par ses écrits,
récits et mémoires qui sont toujours sur les lèvres,
ses peintures qui font encore lécho dans le monde,
ses centres et écoles aux différentes langues
et cultures qui ont survécu aux années les plus
noires de son histoire, par son site unique et captivant à
la fin dun monde et au début dun autre, par
ses personnages qui ont rallié tous ces détails
pour en façonner le mythe, un mythe qui indubitablement
vit à travers des gens qui le portent, le protègent
et le chérissent.
Tanger rayonne par ses émissaires particuliers parcourant
les pays, portant une vision différente du monde, tolérante,
pacifique et surtout plausible de par son existence dans leur
mémoire. Tanger est une mémoire vivante, une histoire
qui continue, et un conte qui vit par ses mille charmes et merveilles,
son identité unique et son air rebelle. Tanger bat au
rythme de ses citoyens qui sentent encore son air, son flair
et son gout, écoutent ses murmures et ses cris, se tempèrent
à son climat et condition, se soucient de son avenir.
Tanger porte mal son identité, sa fierté et son
orgueil à cause de tous ceux qui pensent quelle
nexiste que dans leur mémoire, qui pensent quelle
fait partie du passé, qui ne la voient quen vestiges,
tous ceux qui se contentent de se lamenter, déplorer
et critiquer sans agir."
Khalid
CHENGUITI, Canada (28/06/2005)
La jungle
de béton cest ce quest devenue notre ville,
on parle de patrimoine culturel et architectural sans savoir
sensibiliser sur le thème, le peu de gens qui en sont
conscients sont ces tangérois qui ont vécus lépoque
internationale qui ont vécu dans le multiculturalisme
et le cosmopolitisme tangérois, de nos jours la majorité
des tangérois ne savent pas différencier ,et même
pas apercevoir, ce type darchitecture propre à
leur ville , tout le monde passe par la rue de la liberté
sans sapercevoir que pour un architecte cest un
musée vivant darchitecture, les bâtiments
édifiés dans les années 1910 et 1920 près
de lancienne gare ferroviaire sont uniques par leur architecture
dans le monde mais sont fief de délinquants et de restaurants
pourris, à part leur état pitoyable et la lueur
noirâtre de leur apparence. si on énumérai
tous ces édifices on ne terminerai jamais, Tanger regorge
de particularité architecturale et patrimoniale, du theatro
cervantes à la plus simple des façades des maisons
de la médina, presque personne ne fait attention, quon
on parle de patrimoine a Tanger tout le monde sous entend quon
parle de manque de jardins ou de prolifération dimmeubles
dans un carde non esthétique, le problème se résume
dans le manque ou le quasi absentéisme culturel dans
la ville, les tangérois ne sont plus les tangérois
davant, ils passent plus de temps sur les terrasses des
cafés quà visiter une galerie dart,
aller à un concert ou tout simplement regarder un bon
film au cinéma, ça ma toujours choqué
dentendre de plusieurs de mes compatriotes dire quils
nont jamais été au palais darmement
« musée Forbes » qui hélas nexiste
plus ou même jamais entendu parler, pire encore peu sont
ceux qui ont visité le musée de la casbah. La
sauvegarde de notre patrimoine passe par le connaître
dabord et pour cela il faut que la ville renaisse culturellement.
Mourad
AKALAY, Maroc (11/03/2005)
En
commémoration des attentats de Madrid du 11 mars 2004
Le dialogue des cultures vécu par nos grand'mères
LE CAS DE AWICHA ET SOLEDAD
Le nombre
de ressortissants marocains résidant en Espagne, légaux
ou clandestins, n'a cessé de croître au fil des ans
jusqu'à représenter aujourd'hui la moitié
environ de la population immigrée de ce pays, employés
essentiellement dans l'agriculture, le bâtiment et les services.
Fuyant la misère, des jeunes surtout, des deux sexes, alphabétisés
quand ils ne sont pas diplômés, offrent à
l'économie espagnole un surcroît de main d'uvre
opportun face au ralentissement démographique que connaît
le pays d'accueil et à son développement économique
soutenu. Mais les conditions d'accueil laissent certes encore
trop à désirer pour faciliter leur intégration
sociale
Ironie
de l'Histoire
Ironie
de l'histoire, cette situation n'est pas sans rappeler celle,
symétrique, vécue de ce côté-ci du
détroit, il y a plus de cinquante ans.
Car au début des années cinquante, Tanger qui comptait
parmi ses 140.000 habitants un bon tiers d'étrangers, les
Espagnols en constituaient plus de la moitié. La plupart
ayant fui la guerre civile, ces immigrés étaient
surtout des artisans exerçant les différents corps
de métier (maçons, mécaniciens, électriciens,
plombiers, etc.) et tous les services (chauffeurs de bus et de
taxi, pâtissiers/boulangers, garçons de café,
imprimeurs, poissonniers, etc.).
Contrairement aux autres communautés étrangères,
les Espagnols vivaient dans les mêmes quartiers et souvent
dans les mêmes immeubles que les Marocains, juifs ou musulmans.
L'espagnol, historiquement enrichi d'un apport de près
de 4000 mots arabes, devint très vite la langue étrangère
la plus communément parlée, y compris parmi les
couches les moins alphabétisées. Parallèlement,
certains termes castillans s'infiltrèrent insidieusement
dans les dialectes locaux aussi bien l'arabe que l'hébreu,
ce dernier ayant donné naissance à la " Hakitia
", mélange d'hébreu, d'arabe et d'espagnol,
langue que l'on retrouve semble-t-il en Turquie au sein de la
communauté sépharade établie dans ce pays
depuis le XVème siècle, quand elle fut chassée
d'Andalousie. Les Espagnols étaient parmi les étrangers
ceux qui s'exprimaient le mieux dans le dialecte local. Sans véritable
barrière de communication, le dialogue permanent entre
communautés s'établissait ainsi le plus naturellement
du monde, dans le respect des différences. La convivialité
était de mise entre toutes les communautés qui se
plaisaient même à festoyer bruyamment dans la rue
à la faveur des hasards du calendrier, dans la plus parfaite
tolérance.
Proximité
et solidarité
Pendant
que les jeunes de toutes confessions se retrouvaient à
la plage, dans les cafés, le long des promenades des boulevards
et sur les terrains de sport, leurs mères, pour la plupart
au foyer, s'exerçaient, entre voisines, à la pratique
des langues étrangères. De ces contacts de proximité
naquirent des relations de solidarité quand ce ne fut pas
de complicité entre les différentes tranches d'âge
de la population.
Ainsi, les mères d'adolescents désoeuvrés
intercédaient auprès de leurs voisines espagnoles
pour placer leurs enfants en apprentissage dans les ateliers de
leurs maris. Beaucoup y apprirent un métier sur le tas
sans jamais avoir été scolarisés. Au début
des années soixante, la plupart reprirent à leur
compte le commerce de leurs anciens patrons, cette tendance se
généralisant quelques années plus tard à
la faveur de l'adoption de la loi sur la marocanisation.
Les jeunes filles du quartier dont aucune ne portait le voile
s'adonnaient librement aux jeux de la marelle et aux sauts à
la corde tout en s'initiant de temps à autre à la
couture et à la broderie chez les voisines de palier.
Le troisième âge n'était pas en reste, même
s'il était surtout le fait des grand'mères, moins
sensibles aux préjugés que les hommes, l'esprit
plus concret et plus aptes à communiquer. Privées
de toute scolarité durant leur enfance, fut-elle celle
du Msid, elles ont gardé intacte en elles une soif d'apprendre
insatiable.
Ce fut notamment le cas de deux femmes d'âge mûr qui
vivaient aux abords de la médina, tout près de la
Légation d'Amérique. Elles prenaient chaque matin
le temps de bavarder et de libérer leurs curs en
se confiant l'une à l'autre leurs chagrins du moment.
Comme
deux complices !
De
petite taille, Awicha qui portait bien son prénom, avaient
des yeux à la fois rieurs et pétillants d'intelligence.
En quelques années, elle a su acquérir par la pratique
les rudiments de vocabulaire nécessaires lui permettant
de s'exprimer sans complexe en espagnol. Le prénom de sa
voisine Soledad, qui signifiait " nostalgie " cadrait
parfaitement avec son regard triste et sa tenue vestimentaire
austère de couleur toujours sombre, qu'égayait cependant,
sur une forte poitrine, son inséparable croix en or. Awicha
quant à elle ne portait généralement que
du blanc ou du blanc cassé que ce soit pour le "zegdoune
", le foulard laissant paraître au-dessus des oreilles
de belles mèches couleur noire de jais ou le " harraze
" brodé de motifs de couleur discrète. Plus
par commodité que par coquetterie, deux bracelets en or
lui servaient à retrousser les amples manches de sa tunique.
Elles se rencontraient très tôt le matin sur le pas
de porte, à l'heure du passage du laitier avec son troupeau
de chèvres, le temps de le voir traire de grosses mamelles
pendantes, et remplir chacune sa casserole de lait encore fumant.
Mais c'est surtout à travers la grille de la chambre à
coucher de Soledad qui donnait directement sur la terrasse de
Awicha que les conversations se nouaient le plus naturellement.
Un grand lit en fer doré, à baldaquin surmonté
d'une couronne occupait la plus grande partie de la pièce
sous un immense crucifix. Plusieurs fois par jour Soledad avait
coutume de s'agenouiller en face avec ferveur.
Pour Awicha, bien que pratiquante, la prière n'était
pas son passe-temps favori. Elle lui préférait le
jardinage, la couture et surtout la cuisine où elle excellait
de façon magistrale.
Chacune avait un scrupuleux respect pour les convictions religieuses
de l'autre. Si elles s'appliquaient régulièrement
à s'expliquer la signification de chaque fête, de
chaque cérémonie familiale (mariage, baptême,
circoncision, le premier jeûne, etc.) et à commenter
les mets servis pour la circonstance, elles se gardaient bien
de critiquer le moindre rite ou tradition ancestrale de l'autre.
Il leur arrivait parfois de partager leurs joies mais aussi d'échanger
leurs recettes, leurs remèdes et leur savoir-faire, avec
leçons de choses à l'appui. Leurs cuisines n'avaient
plus de secret l'une pour l'autre. Les infusions et concoctions
de plantes et de graines de la pharmacopée locale non plus.
Les échanges allaient des techniques de traitement des
plantes, de greffe des boutures ou de conservation des fromages,
aux astuces pour repasser les tissus les plus délicats,
nettoyer vêtements et meubles, refaire les peintures défraîchies,
etc. Soledad découvrait avec ravissement les charmes du
khôl, du henné, du ghassoul et la chaleur moite du
hammam. Awicha s'initiait à l'art de la cuisson du riz,
des crevettes et calamars, aux grillades de poissons et à
la préparation du gaspacho.
Echanges
de bonnes pratiques et débat d'idées
Dès
les premières années de voisinage, elles avaient
appris à se connaître. Awicha avait une fille mariée
très jeune et un garçon prénommé Mohamed.
Soledad avait un fils unique baptisé Jésus. Les
deux garçons aux prénoms prédestinés
symbolisant les deux cultures, étaient tenu de mériter
l'honneur qui leur a ainsi été fait à la
naissance. En célibataires endurcis à l'époque
des mariages précoces, les deux lascars ne l'entendaient
pas de cette oreille ! S'ils acceptaient sans rechigner d'être
chouchoutés à l'extrême, ils ne faisaient
à leurs mères aucune concession. S'ignorant superbement
du fait de leurs préoccupations différentes, ils
étaient tombés au moins d'accord pour donner à
leurs mères du sérieux fil à retordre. Mohamed,
vingt trois ans, journaliste en herbe dès l'obtention de
son CEP, militait au sein du Parti de l'Unité et de l'Indépendance
ce qui lui valait de temps à autre quelques tracasseries
policières. Toujours flanqué d'une bande de copains
qui trouvaient chez ses parents cigarettes, gîte et couvert,
il ne fallait surtout pas lui parler de mariage ! Jésus,
son cadet d'un an à peine, mais plutôt joyeux luron
que bourreau de travail, désespérait Soledad par
sa nonchalance et son refus obstiné d'aller à la
messe le dimanche, préférant les charmes de la plage
et la compagnie des petites amies. Ainsi donc, les mésaventures
et les caprices de leur progéniture meublaient au moins
la moitié de leurs conversations.
A la moindre occasion, l'avis de l'une était sollicitée
par l'autre. Si par une journée de fort vent d'Est, il
arrivait à Jésus de prendre du sable ou un quelconque
corps étranger dans l'il, Awicha préconisait
aussi tôt à Soledad d'introduire sa langue sous la
paupière de l'il atteint et après un balayage
complet du globe oculaire, de cracher les substances retirées.
Une foulure de Mohamed après une chute d'escalier et voilà
Soledad qui conseille le remède et le type de massage les
plus efficaces.
Dans leurs bavardages quotidiens, la politique n'était
pas en reste ! Bien que ne sachant ni lire ni écrire, Awicha
avait toujours les oreilles collées à son poste
de radio dès les premières lueurs de l'aube. Elle
surfait sur les ondes courtes, de station en station : Saout Al
Arab du Caire, la BBC, Radio Moscou, Radio Tanger International,
etc. pour qu'aucune information ne lui échappât.
Avec Soledad qui se tenait informée par les médias
espagnols, la revue de presse était toujours abondante.
Toutes deux ferventes monarchistes, Awicha pleurait sur le sort
de Mohamed V exilé par la France tandis que Soledad se
lamentait de la marginalisation par Franco du comte de Barcelone
légitime héritier du trône d'Espagne. Des
guerres et des activités de la résistance, elles
en parlaient mais surtout pour se lamenter sur les morts innocentes
et les excès qu'elles auraient pu connaître. Soledad
était taraudée par le souvenir de ses proches, morts
pendant la guerre du Rif et de son neveu abattu durant la guerre
civile par les " régulares " rifains. Mais toutes
deux étaient unanimes pour condamner guerres et violences
surtout celles qui auraient pu risquer de leur ravir leurs fistons.
Autrement, les opinions divergentes s'exprimaient dans le respect
réciproque et dans la plus grande courtoisie.
L'épilogue
N'empêche
que, même si les manifestations de rue appelant au retour
du roi Mohamed V et à l'indépendance se déroulaient
généralement dans le calme, à de rares exceptions
près, ce qui préoccupait le plus les deux voisines,
c'était le spectre prévisible de leur inévitable
séparation. Et celle-ci finit bien par arriver un jour,
à la fin des années cinquante, mettant ainsi un
terme à une relation quotidienne et une amitié de
plus vingt ans. Ce jour-là, leurs larmes s'entremêlèrent
indistinctement dans le même chagrin et le plus grand déchirement.
Les vicissitudes de la maladie puis les inévitables contraintes
de la vieillesse finirent par avoir raison de leur rêve
commun de se retrouver un jour quelque part sur l'une ou l'autre
rive du détroit.
Croyantes, elles ne désespéraient pas de se rencontrer
dans l'au-delà, elles qui n'avaient jamais prêché
la haine mais toujours su percevoir, avec une émotion jamais
feinte, la chaleur du regard sincère de l'autre.
Si elles étaient encore en vie, elles auraient certainement
pleuré de rage le 11 mars 2004, quand la barbarie frappa
Madrid, causant 192 morts innocentes et près d'un millier
de blessés. Pareille incroyable régression était-elle
imaginable à leurs yeux ? Les fils du dialogue entre collègues
de travail, voisins de pallier, gamins des mêmes quartiers
se sont-ils à ce point rompus sous l'influence néfaste
des prêcheurs de haine ? Ceux-ci ont-ils pu en toute liberté
se livrer à leur commerce macabre sans qu'aucun n'y prêtât
la moindre attention ? Ce qui est certain, c'est que de ce côté-ci
du détroit non plus nous n'avions pas vu ou pas voulu voir
grandir le monstre. Il faudrait donc en toute humilité
savoir faire amende honorable et en tirer toutes les conséquences
en matière d'éducation, d'enseignement, d'animation
culturelle et d'intégration sociale pour éviter
la prolifération des ghettos sécréteurs de
marginaux facilement manipulables.
Quant à Awicha et Soledad, elles n'auraient finalement
eu pour seule consolation que l'attitude exemplaire, à
de très rares exceptions près, de la population
espagnole envers la communauté marocaine établie
sur son sol. Quand on pense à la chasse à l'homme
dont sont victimes les paisibles ressortissants marocains en Corse,
cette " l'île de beauté " sérieusement
enlaidie par le racisme, on ne peut que se rendre à l'évidence.
Pour tous les peuples du bassin méditerranéen c'est
une bien belle leçon de civisme à méditer
en ce triste anniversaire !
Khalid
CHENGUITI, Canada (25/12/2004)
Tanger Ma ville.
Je suis étonné par le nombre grandissant des grands
projets à Tanger, le port Tanger-Med et toute l'infrastructure
annexe, routes, autoroutes ...etc. Le Tanger City Center pour bientôt,
le projet Ghandouri en cours, le réamenagement du lac artificiel.
Tanger va devenir une ville aux normes sauf que sans culture tout
ça ne vaut absolument rien. Je suis avec impatience le lancement
du projet de l'Association Sigma et je me demande comment un projet
d'une telle envergure peut se réaliser alors qu'il fallait
commencer par un centre culturel. J'ai toujours revé d'avoir
un centre culturel à Tanger qui abriterait le conservatoire
de musique, des salles de cinéma, un théâtre.
Mon rêve était et est toujours d'ailleurs de construire
une très grande bibliothèque municipale au lieu même
de l'ancien conservatoire. On s'est penchés là-dessus
moi et quelques amis et on a mis quelques plans qui intègrent
la mosquée, son centre de conférences et une biblothèque
multifonctions surtout que le terrain est en relief, ça permet
d'avoir des parkings de bas niveau et d'embellir toute la zone.
Mais ça s'arrête là puisque toute notre élite
tangéroise se penche sur d'autres projets alors que la culture
est primordiale. J'ai vu comment juste le petit centre de Chabiba
a pu changer les mentalités de plusieurs quartiers défavorisés
et a impliqué de plus en plus les tangerois aux activités
cuturelles. Si vraiment on veut devenir des tangérois modernes,
ouverts au monde et aux autres cultures, il faudra penser à
l'aspect culturel parce que Tanger sans tangérois n'est rien,
et personne ne me contredira que Tanger est presque la seule ville
marocaine qui a été façonnée aux infimes
details par ses citoyens d'ailleurs. Tout le mythe tangérois
est autour de personnes et personnages.
Khalid Chenguiti
Khalid
BENSLIMANE, Maroc (05/07/2004)
Tanger
résonne dans mon coeur de cette manière : "Lorsque
s'étend le soir de toute sa langueur sur la mer apaisée,
et que la terre se pare de sa plus belle ombre encensée par
l'odeur encore chaude des pins, mon cur s'ouvre à mon
âme qui déverse le ciel. Le bleu m'envahit alors jusque
dans le blanc des yeux où vient s'échouer le jour
en petites vagues dorées. Un ultime vol d'oiseau zèbre
le soleil qui rassemble ses derniers halos téméraires.
La nuit, parfumée de jasmin, dévale les collines enivrant
les grillons qui se taisent.
C'est en ce moment précis que mes pensées s'enroulent,
comme une cigarette allumée à la braise de la nostalgie,
sur laquelle je tire goulûment un effluve de thé à
la menthe. Sa douce odeur s'élève au son des dés
jetés en l'air et qui tourbillonnent encore à nos
instants d'insouciance, lorsque sous le pin une partie de "Parchi"
agrémentait nos soirées sans fin.
Et la mer qui murmure, sous le ciel serein qui s'étire à
l'infini... jusque dans le cur des hommes par lequel elle
respire."
Mais cette nostalgie qui se dégage des propos de tous les
amoureux de Tanger ne lui est pas d'un très grand secours.
Personnellement j'estime que tous les amoureux de Tanger devraient
s'impliquer de manière plus présente dans le processus
de développement de la ville. Nous ne pouvons continuer à
accepter un pouvoir décisionnel unilatéral aux seules
autorités locales et accepter le contrôle total de
la gestion de la ville par une minorité qui l'amène
doucement mais sûrement vers un désastre certain soit
par vénalité sinon le
plus souvent par incompétence.
Nous ne pouvons plus continuer à protester "entre nous"
dans les cafés en nous lamentant sur les fastes d'antan en
laissant le champs libre à une poignée de spéculateurs
sans scrupules et dont la plupart n'ont aucune idée de ce
que fut la grandeur de cette ville.
Il devient urgent de créer une association qui regroupera
un maximum de personnes, actives, et désireuses de redorer
le blason de "leur" ville. Association qui oeuvrera en
parallèle et conjointement avec les autorités compétentes
qui gèrent la ville et qui servira de garde fou à
tout débordement nuisible en matière de gestion et
d'orientation.
Khalid
Benslimane
Alia
WAEZ, Maroc (25/09/2003)
Pour
qu´elle soit une ville prospère et agréable à
vivre, seuls les vrais tangérois pourront gérér
efficacement leur ville. Si Oussama Zekri vivait ici à Tanger
,je voterais pour lui, sans le moindre doute.
Je n´ai voté pour personne, ce n´est pas de ma
faute si aucune des personnes qui s´est présentée
aux élections ne me convainct ni moi ni personne. Donc, le
problème qui se pose est de chercher des personnes capables
qui soient à la hauteur pour gérer cette
ville qui n´est pas facile, vu le nombre impressionnant de gens
"de dehors" qui sont venus s´installer durablement.
Vu le nombre impréssionant de belles bâtisses disparues,
pour laisser place à des édifices bétonnés,
Tanger n´est plus ce qu´elle a été.
Conservons
au moins son climat, sa luminosité, son air; et faisons de
Tanger, une ville moderne, raffinée, authentique ayant un statut
important dans le pays. Et que tous les ex-tangérois qui sont
éparpillés à travers le monde, puissent avoir
comme résidence secondaire : Tanger. "
bacharki@emmsa.es
NDW : Même si je suis sensible aux propos d'Alia, je voudrais
préciser que je ne suis bien évidemment candidat à
rien.
Hmido
BEN OBEID, Belgique (02/03/2003)
Bonjour,
Je tiens d'abord a remercier le webmaster pour ce site riche en infos
sur Tanger. Je suis un tangérois assidu. J'y ai passé
mon enfance, fils d'ouvrier, je n'avais pas beaucoup de moyens. Maintenant
je suis en Belgique. Je vis bien et je retourne au moins deux fois par
an à Tanger. Je vais donner mon avis sur le débat, bien
qu'il (je pense) ne plaira peut-être pas, je pense que Tanger
change oui c'est vrai, mais il y a des points qui ne changent pas, des
repères que personne ne peut changer et chaque enfant de Tanger
a ses propres repéres. Je n'aime pas les nouveaux trucs genre
le McDo à côté du cinéma Daouliz. Ces trucs
là puent le profit et la bouffe nauséabonde américaine.
Surtout que les prix dans les McDo en Europe ça va, en Amérique
c'est RIEN ! Mais si vous avez vus les prix dans le McDo de Tanger,
là c'est fort ! Pour ce que gagnent les populations locales c'est
triste. En fait, c'est fait pour les touristes c'est sur (mais bon,
on y peut rien c'est la mondialisation).
Sinon, quand on parle de propreté, moi je me rapelle mon enfance.
On allait dans les terrains vagues poisseux, allumer des feux pour brûler
les saletés et jouer avec drari del haouma. Je me rapelle
les marches à pied (le bus était trop cher) jusqu'à
la plage d'ashakkar (Cap Spartel)... ça c'était la vraie
vie.
Tanger est une métropole, carrefour des cultures, des religions,
des ethnies minoritaires ou non. Il s'est développé là
une diversité incomparable et ce, toujours dans le respect les
uns des autres. Pourquoi quand vous parlez d'aider Tanger personne ne
parle des pauvres jeunes qui tous les jours prennent clandestinement
(pour un prix qui les ruine à jamais) des bateaux pour fuir la
misère vers l'Espagne (certains même à la nage,
un risque inouï à mes yeux même pour un bon nageur)
? Combien de morts recense-t-on chaque année ? Des cadavres qui
viennent s'échouer sur les côtes espagnoles, ça
tout le monde s'en fout que ce soit l'élite espagnole ou marocaine.
Donc à mon avis, Tanger n'a pas besoin de changement, je l'aime
comme elle est c'est la perle du détroit (Tanja balia). Il y
a d'autres problèmes plus graves comme celui précité.
Bonne continuation à tous de la part d'un autre enfant de Tanger
yahi." ibn_ruchd@yahoo.fr
Saad
ELMAZOURI, Grande Bretagne (26/08/2001)
Salut Agnès
C'est bien de penser investissement et developement, mais ce qui reste
aux tangérois c'est bien et seulement bien cette nostalgie. Car
personne ne croit plus aux avantages du developement car tout les bénéfices
sont dilapidés à gauche et à droite. Tanger a des
ressources et un potentiel énorme. Ce qu'il faut c'est dénoncer
les corrompus et les amener devant la justice d'une part et d'autre
part, instaurer un systeme administratif basé sur la compétence
et non sur l'ancienneté. Je pense que ce sont les premiers pas
pour optimiser le rendement de tout effort d'amelioration. Merci.
Omar
CHAOUI, Emirats Arabes Unis (20/06/2000)
Salut tout le monde
Je suis Marocain/Français résidant à Dubai ! J'ai
passé 4 ans à Tanger en tant qu'étudiant et je
suis devenu tangérois!
Pour aider Tanger, il faut relancer son économie. Pour faire
cela, il faut y relancer l'investissement --> relancer l'emploi -->
relancer la consommation --> attirer les autres!
Maintenant la question qui se pose est qui va investir! On sais que
pas mal d'investissements se font et se sont fait, l'autoroute, les
parc éoliens, le nouvel hôtel à Malabata ... Je
pense surtout à des investissements du genre boutiques branchées,
franchises, petits restaurants, journaux, piano-bars, discothèques
... Bref, ce genre de petits coins sympa où on a du plaisir à
se retrouver. Le probleme de Tanger, c'est le manque d'organisation
et la propreté défaillante en certains endroits! Si vous
souhaitez commenter, mon e-mail est : opsami@yahoo.fr.
A plus ..."
Jaqui
BENQUESUS, Angleterre (31/05/2000)
Chère Agnès,
Je suis pour toute initiative constructive et surtout lorsqu'il s'agit
de Tanger. Mais malheureusement on ne peut pas s'arrêter de rêver
surtout lorsqu'on a passé une enfance et adolescence très
heureuse. Est-ce que tu as une proposition ferme? Moi je me permettrai
de suggérer de commencer par organiser une rencontre à
Tanger de tous les ex-Tangérois. Qu'en penses tu?
Jaqui. (pour repondre: jackbe99@yahoo.co.uk)
Mose
BENITAH, Canada (29/05/2000)
Cher Oussama,
J'ai été au Maroc du 15 au 23 Mai 2000, accompagné
de representants d'une firme americaine intéressée par
la construction de ce villge. Nous avons visité des lieux possibles
et on ne peut se plaindre, il y en a quelques uns. Nous allons pour
l'instant garder le secret des lieux pour éviter la spéculation.
Nous reviendrons sous cette rubrique pour tenir au courant "ceux qui
aiment Tanger". A bientot
Mose Benitah. benitah@primus.ca
Mose
BENITAH, Canada (22/04/2000)
Cher Oussama,
Je pense que la reponse à la question : Comment faire de Tanger
une cité prospère et agréable à vivre? est
à la fois simple et compliquée. Simple, parce que "agréable
à vivre" est surtout liée au fait que c'est ce que Tanger
offre à tout un chacun de par la ville elle-même. Compliquée,
c'est surtout de par le fait que Tanger serait vraiement une cité
agréable à vivre si seulement tous ceux qui comme nous,
ou bien comme tu le dis si bien, "Ceux qui aiment Tanger", pouvaient
se rencontrer. C'est vrai que Tanger nous unit, et cela pour toutes
les raisons que vous pouvez tous évoquer. Mais Tanger est là.
Nous pouvons tous y aller quand cela nous chante. Le seul probleme,
c'est que nous ne nous retrouvons plus les Tangérois, pour beaucoup
de raisons, la ville a drôlement grandi et les gens ne sont plus
les mêmes. Essayons donc d'y remédier en créant
un club de vacances, où l'on pourrait se rencontrer et passer
un bon moment. Il y a autour de Tanger assez de place pour cela. Nous
retrouverions l'environnement, respirerions l'air de Tanger, et surtout,
serions ensemble là, entourés de Djeblis et de Rifis,
avec nos amis Marocains, Espagnols, Français, Italiens et Scandinaves.
Comment faire de notre ville une cité prospère? Je pense
que si l'on aboutit à faire de Tanger une ville agréable
à vivre, la prosperité suivra tout naturellement.
Je suis prêt pour ce village. Je n'attend que votre feu vert.
Mose Benitah, Thornhill, Ontario, benitah@primus.ca.
Agnès
DRONNIKOV, France (05/03/2000)
J'ai une suggestion pour les Tangérois ; laisser
tomber la nostalgie et penser à l'avenir. Que diriez vous de la création
d'une véritable zone franche dans cette ville qui ne concernerait pas
seulement le port. Ou encore, il paraît qu'un autre port va être construit
sur l'atlantique à une quinzaine de kms de Tanger. Pour le moment, on
ne voit rien venir d'ailleurs. Dans ce cas il faudrait que le vieux
port devienne un port de plaisance avec tout ce que cela comporte. Autrement
dit, investir quand il est encore temps. Puisque des personnalités (people)
remontent de Marrakech vers Tanger, il faudrait que quelques uns en
profitent pour faire de cette ville ce qu'elle aurait toujours du être,
une ville privilégiée par son site et qui actuellement n'est absolument
pas exploité. Qu'en pensent nos nostalgiques de France, du Canada, du
Venezuela, de Madrid ou d'ailleurs? Amitiés.
A. D.
Oussama ZEKRI, France
(16/01/2000)
La création de ce site résulte d'un désir clairement
exprimé de participer, modestement, à un élan d'intérêt à propos du
développement de la ville de Tanger. La première option qui s'est imposée
à moi comme une évidence, a été de retracer l'histoire de la ville.
Cette approche dénote probablement une croyance naïve dans la possibilité
que l'intérrogation du passé de la ville puisse fournir quelques éléments
de réponse à une amélioration de son sort. Cependant, j'ai pris maintenant
conscience que l'Histoire est, et ce depuis les temps les reculés, abordée
en fonction des préoccupations bien contemporaines de ceux qui s'y adonnent.
Ces arrières-pensées, parfois inconscientes (certains diront subconscientes),
incitent à privilégier tel ou tel aspect historique au détriment de
bien d'autres. Il me semble que je n'aie malheureusement pas dérogé
à la règle.
La question de fond est la suivante : comment faire de Tanger une cité
prospère et agréable à vivre ? Le repère le plus immédiat que nous avons
tous à l'esprit est celui de l'époque du "statut" international de la
ville. La grande liberté acordée dans le domaine commercial et financier
a créé, probablement de manière artificielle, un îlot de prospérité
dans un environnement caractérisé par les difficultés économiques du
Maroc.
Or, quand on regarde ne serait-ce que les titres des rubriques de ce
site, force est de constater que l'idée-force qui a été mise en avant
est celle de l'internationalisme. Comme si, pour Tanger, il n'y avait
point de salut hors de l'extra-térritorialité et du particularisme géopolitique.
L'impression que j'en retire maintenant est que la référence idéalisée
au "statut" des années 1925-1956 a déteint sur la lecture que j'ai eu
de l'histoire de la cité. Il apparaît pourtant, quand on y regarde de
plus près, que Tanger a été prospère à chaque fois qu'elle appartenait
pleinement à un état prospère et puissant, assurant la sécurité des
biens et des personnes comme les empires romain, arabe et marocains
(Almoravide et Almohade). Les puissances peu impliquées comme le Portugal
et l'Angleterre, n'ont pas su apporter cette prospérité à la ville du
fait de leur incapacité à contrôler l'arrière-pays. La parenthèse du
"statut" est assez particulière dans le sens où la prospérité qu'il
a induite était principalement fondée sur la spéculation. De plus, l'absence
de système fiscal efficace n'a pas permis une redistribution (même minime)
des richesses, contribuant ainsi à créer un fossé non seulement entre
les classes sociales, mais également entre les différentes nationalités
qui y cohabitaient.
Il me semble qu'une des leçons que l'on peut tirer du survol de l'histoire
de Tanger est qu'une des voies possibles du développement de la ville
réside probablement dans une approche reposant sur le trépied suivant
:
- un développement accru de l'état marocain (accompagné d'une redistribution
efficace)
- une ouverture commerciale et industrielle à l'étranger, indispensable
pour un port à la fois atlantique et méditérranéen qui, de surcroît,
est adossé à un arrière-pays pauvre en ressources agricoles et minières
- une politique culturelle à la hauteur du défi car l'économie seule,
ne fait pas tout.
J'aimerais insister ici, sur l'aspect culturel. Je suis pour ma part,
intimement convaincu, que la culture non seulement comme formation intellectuelle
et professionnelle, mais également et peut-être surtout, en tant que
conscience de soi et du monde, est la vraie clé d'une renaissance durable
et partagée de Tanger.
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