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DEBAT TANGEROIS

Tanger n'est pas au mieux de sa forme. Nous le savons tous et beaucoup d'entre-vous ont exprimé le souhait que cela change. Pour paraphraser John F. Kennedy, il ne faut plus se demander ce que Tanger peut faire pour nous mais ce que nous pouvons faire pour Tanger. Agnès Limouzin-Lamothe nous a donné une piste intéressante : refléchir, débattre entre nous et faire connaître notre point de vue. Ce n'est que par une approche positive et constructive que nous pourrons avancer, au-moins dans le domaine des idées, sur le chemin de la renaissance de notre ville. Afin de lancer le débat, j'inaugure cet espace par une réflexion personnelle sur ma propre démarche concernant ce site. J'espère que vous serez nombreux à réagir et à vous exprimer. Adressez-moi vos messages sur le lien suivant: Débat Tangérois.

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Mourad Akalay, Maroc (4/03/2007)
Tanger : Quand le vent du changement l¹emporte sur le chergui

Candidate à l'accueil de l'Exposition Universelle de 2012, Tanger se mobilise avec fébrilité, pour relever le défi. Partout, des affiches, des logos taggés sur les portières des taxis ou sur les carrosseries d¹autobus rappellent le leitmotiv de l'heure : faire adhérer à ce nouveau défi une population rendue rétive, après l¹expérience malheureuse du dernier Mondial.

Donnant le la, les autorités mènent, tambour battant, le chantier de l'embellissement de la ville, avec il faut le reconnaître un réel succès. La population en croit à peine ses yeux, tant elle se sentait oubliée, surtout depuis la mise à l'écart de sa ville, la doyenne des villes du Mare Nostrum, lors des Jeux Méditerranéens de 1983 !

Le précédent des Jeux Méditerranéens

Ce fut un véritable coup de blues que les coutumiers de la Méditerranée ressentent les jours de grand Chergui ! Avec la différence près que celui-là ne devait pas être que passager... Comment accepter que l'organisation des Jeux Méditerranéens leur file sous le nez ? Nier l¹identité de leur ville était une couleuvre difficile à avaler, tant étaient nombreux ceux qui ne pouvaient concevoir la «méditerranéïté» du Maroc sans Tanger.
Méditerranéenne déjà quand elle s'appelait Tingis, le comptoir commercial florissant fondé par les Phéniciens 15 siècles avant J.C., la capitale de la Maurétanie Tingitane 3 siècles avant J.C., puis tour à tour phénicienne, romaine, vandale, byzantine et wisigothe, Tanger pouvait à juste titre se considérer comme le creuset de toutes les cultures méditerranéennes !
La capitale du Nord n'a-t-elle pas été «le» passage obligé quand, en 711, Tarik Bnou Ziyad traversa victorieusement la Méditerranée ? Ce qui lui valut, après le reflux, d¹être occupée dès le XIVe siècle, tour à tour, par chacune des puissances maritimes de l'époque (Portugal, Espagne, Angleterre) et ne fut récupérée par le Maroc qu'en 1684, pratiquement en ruines. Reconstruite, elle devint sa capitale diplomatique pendant plus de deux siècles et ne perdit sa souveraineté qu¹en 1923 avec l¹instauration du statut international.
C'est vrai que, depuis le début des années soixante, Tanger n¹était plus belle à voir, frappée qu'elle était d¹une malédiction qui s¹abattait sur tous ses projets de relance ! Elle finit par se considérer «non grata» !
Il est également vrai qu'au début des années 80, la ville, grossie par l'exode rural, commençait à pâtir durement des coupures d'eau, le modeste barrage Ibn Batouta s'avérant insuffisant en été pour compenser la baisse continue du niveau de la nappe phréatique de Charf El Akab. Pour mémoire, la construction du barrage sur l¹oued El Hachef, différée à plusieurs reprises, ne fut finalement achevée qu'en 1995. Entre temps, le cadre de vie et l¹activité économique ont en pris un sacré coup. Difficile donc d¹organiser les Jeux dans une ville «à sec» dans tous les sens du terme.
Pourtant, d¹aucuns ont cru, mordicus, que l¹organisation des jeux aurait pu débloquer le projet de construction de l'indispensable barrage. Pour d¹autres, ce n¹était là que pure chimère ! à l'appui de leur scepticisme, ils rappelaient que Tanger attendait toujours, à l¹époque, la tonalité du téléphone automatique international, alors que, par exemple et tant mieux pour les Tazi, Sidi Allal Tazi en disposait depuis déjà cinq ans !
Souffrant donc d¹un grand déficit d¹infrastructures et au risque de sombrer dans un marasme économique profond, Tanger s'est livrée, pieds et poings liés aux promoteurs qui se sont opportunément saisis d¹une triple aubaine. La disponibilité de capitaux d¹origines pas toujours claires, l¹existence d¹un patrimoine foncier encore vierge même au centre-ville, l'absence d¹un contrôle rigoureux en matière d¹aménagement urbanistique. L¹omnipotence des seigneurs du béton qui, comme chacun sait, n'ont jamais eu d¹état d¹âme quand il s¹agit de préserver l¹environnement ou l¹esthétique d¹une ville, s'est ainsi durablement installée.

Le béton-roi

Ce qui frappe le voyageur sur le pont du ferry, au fur et à mesure qu'il se rapproche des côtes tangéroises, c¹est la blancheur éclatante de la Kasbah perchée sur une falaise, aujourd'hui en proie à l'érosion et aux glissements de terrain. Quand il se rendra sur les lieux, il constatera que certaines bâtisses datant du XVIIe siècle présentent des fissurations dangereuses pour les habitants et les passants d¹un site historique. Heureusement, la réhabilitation de quelques demeures acquises par des personnalités de nationalités diverses a contribué à réduire l¹état de délabrement dans lequel se trouvaient certaines ruelles et à embellir bien des façades.
Sur l'autre versant de la jetée du port, le regard du visiteur qui débarque pour la première fois à Tanger est accroché par l¹immense plage de sable fin bordée bientôt sur toute sa longueur par une haie de constructions compactes dont la hauteur rappelle les ravages du béton qui ont tant défiguré la Costa del Sol.
Car à Tanger, les immeubles dont la construction a précédé les travaux d'aménagement de la corniche, lui ont, en grande partie, ravi son charme et son élégance. La construction, juste au pied de la plage, d'édifices parfois de treize étages, sans retrait suffisant face au littoral, saccage le paysage. (Avec un certain aplomb, l¹un de ces immeubles porte impudemment au fronton le nom d'un promoteur immobilier de la place, en grosses lettres s'il vous plaît, visible à des kilomètres !)
Dans une ville toute en pente, le bon sens aurait pourtant voulu que les premières lignes de construction ne ferment pas complètement l¹horizon aux secondes lignes et ainsi de suite. Des zones non constructibles auraient dû séparer les grands pâtés d¹immeubles pour aérer davantage l¹espace et permettre ainsi d¹élargir la perspective visuelle de n'importe quel point de la zone côtière. Ce ne fut malheureusement pas le cas ! Résultat : les promoteurs immobiliers s'y sont donnés à c¦ur joie pour violer la sacralité du littoral, sans frein aucun puisque les élus, censés les contrôler, peuvent eux-mêmes s'ériger, directement ou indirectement, en promoteurs immobiliers, aucune incompatibilité professionnelle n'étant imposée en la matière.
Par chance, le tracé de la voie panoramique prévue par le plan d'aménagement de 1948, plus connu sous le nom de son auteur, l'architecte italien Messina, a pu limiter les dégâts. Ce garde-fou a permis aux nouvelles autorités locales, une fois supprimée la voie ferrée qui longeait la plage, de dégager l'espace du domaine maritime indûment occupé par quelques restaurants balnéaires. Les promenades du bord de mer, victimes de l'ensablement et de l¹avancée des dunes, ont subi par la même occasion un véritable lifting.
Un bémol cependant, la propreté de l'eau demeure incertaine tant que les travaux d¹assainissement ne seront pas menés à leur terme.
Au demeurant, la remise à niveau, c'est bien le cas de le dire, de la corniche et des promenades piétonnes de la plage redonnent à la ville une fraîcheur et un goût de vivre qu¹elle avait totalement perdus. Cerise sur le gâteau, la magnifique avenue qui en a résultée, rebaptisée Mohammed VI, a su redonner toutes ses couleurs de jeunesse à une cité jadis première station balnéaire du royaume et qui peut, à présent, prétendre sérieusement le redevenir !
Quant aux nouveaux quartiers périphériques, ils continuent de pousser comme des champignons, ce qui ne facilite pas les problèmes de circulation, vu que les centres commercial et administratif se trouvent toujours au coeur de la cité.

La circulation automobile

Le problème de la circulation automobile au centre-ville est un véritable casse-tête que des décennies de laxisme n¹ont fait qu'empirer. En rognant sur les espaces verts dans une ville toute en pente, le béton, outre qu¹il a sérieusement entamé l'esthétique de la ville, a supprimé toute possibilité d¹aération de la cité. La situation est aggravée par un manque cruel de parking car la plupart des immeubles construits ces quarante dernières années n¹ont guère été dotés de garages pour leurs locataires, ce qui a pour conséquence d'encombrer les voies de circulation et pose de sérieux problèmes de stationnement malgré l¹installation des parcmètres.
Les piétons n¹y trouvent pas non plus leur compte puisque aucun recul n¹a été imposé aux promoteurs d¹immeubles intéressés surtout par une maximisation des surfaces commerciales. Les quelques galeries piétonnes n¹ont donc été prévues que perpendiculairement au domaine public, juste pour drainer les badauds à l¹intérieur des Kayssariates.
Les trottoirs rendus étroits sont encombrés par toutes sortes d'ouvrages. Il y a les armoires téléphoniques qui, soit dit en passant, devraient être logés dans l¹enceinte des grands immeubles où elles seraient plus en sécurité, ou autrement, plaquées contre les murs. Les cabines publiques gagneraient à être murales ou carrément accolées aux abris bus. Les poteaux téléphoniques et électriques devraient être tout simplement déposés dans le centre-ville au profit d¹ouvrages souterrains ou au pire remplacés par une distribution en façades d¹immeubles. Sans parler de ces gigantesques panneaux publicitaires plantés sur d¹énormes socles en béton (celui accolé à l¹enceinte du consulat de France dans le sens de la longueur n¹en occupe pas moins 40% de la largeur du trottoir !). Il ne faudrait donc pas s'étonner de voir les piétons déambuler sur la chaussée au grand dam des automobilistes obligés de ralentir indéfiniment, dans des files de voitures ressemblant souvent à des colonies de chenilles !
Par bonheur, l'ouverture en cours, sur le flanc des jardins de la Mendoubia, d¹une voie de dégagement longeant l¹ancien cimetière de Sidi Bouarrakia, devrait éviter l¹asphyxie du Souk de Barra et rendre plus fluide le trafic automobile aux abords immédiats de la Médina. Espérons que cet espace vert sera précieusement sauvegardé !
Le cauchemar des mois de juillet août, avec l¹arrivée des vacanciers devrait normalement prendre fin dès la mise en service prochaine du nouveau port appelé également à soulager la ville du trafic de transit, celui des camions TIR comme des particuliers.
Il n¹en demeure pas moins nécessaire de prévoir une voie de contournement périphérique le long de la côte atlantique, reliant le port actuel, sans passer par le centre-ville, aux quartiers du Dradeb, Kasbah, Marshan, la Montagne, Val Fleuri, Lbranes, Bni Makada, Plaza Toro, Tanja Elbalia. Cette voie de circulation rapide devrait soulager le centre-ville de l¹écoulement de tout le trafic entre zones périphériques, et celui provenant des zones industrielles, de l¹aéroport, de l¹autoroute et des routes nationales.

La genèse du changement

La nomination en 1998 de leur concitoyen Si Abderrahman Youssoufi comme Premier ministre fut ressentie ici comme le début de la fin de la «quarantaine». Si, pour les plus sceptiques, une hirondelle ne fait pas le printemps, le choix en septembre 1999 de Tanger par le nouveau monarque pour y accomplir sa première visite officielle dissipa définitivement le doute. Un immense espoir devait naître et se renforcer de jour en jour avec, d¹abord l'accélération des travaux des chantiers programmés depuis belle lurette, tels ceux de l'autoroute Rabat-Tanger, la rocade méditerranéenne, la nouvelle gare, l¹extension de la zone industrielle, puis le lancement des travaux du grand stade et surtout ceux du tout nouveau port.
Les services publics concédés à l'exception de celui du ramassage des ordures allaient révéler très vite leur efficacité, en particulier en matière de transport urbain. Pour la distribution d¹eau et d¹électricité des progrès sensibles ont été réalisés même si un bug de facturation et le retard dans la mise en service de la station d¹épuration ternissent quelque peu ce palmarès. Cet élan sans précédent depuis l¹indépendance allait se confirmer de jour en jour, surtout depuis la nomination du nouveau Wali. (Un constat suffisamment rare pour ne pas le passer sous silence !)
La propreté de la ville semble être sérieusement reprise en mains avec l'entrée en activité depuis janvier 2007 de la nouvelle société TECMED qui a succédé à une entreprise elle aussi privée défaillante. Pour une fois, le cimetière d¹Al Moujahidine qui était devenu un véritable dépotoir n'a pas été oublié non plus. Des poubelles neuves sont placées partout à la portée du public qu¹une campagne de sensibilisation devrait inciter à plus de volontarisme, notamment de la part des parents, dans l¹éducation pédagogique de leurs enfants.
Les nouveaux supermarchés installés à la périphérie drainent déjà vers eux une partie non négligeable du trafic automobile qui s¹écoulait jusqu¹à présent vers le centre-ville.
L¹embellissement en cours des principales artères, la réhabilitation des terrains vagues et des jardins publics abandonnés depuis des lustres, apportent une note de gaieté dans les quartiers.
Le point d'orgue de ces transformations est sans conteste le réaménagement de la Place du 9 Avril et l¹ouverture du jardin de la Mendoubia véritable poumon de la Médina. Celle-ci a recouvré toute sa luminosité, qu¹assombrissaient les hautes murailles de la Mendoubia et l'épais nuage de pollution engendré par la circulation automobile. La rue d¹Italie avec ses constructions du début du XXe siècle a retrouvé l¹éclat dont témoignent encore les photos des années 1920.
Deux bémols pourtant à ce tableau presque idyllique : la nécessaire réhabilitation des façades aveugles des constructions de la rue Josafat, et la disparition inexorable du théâtre en plein air qui ne disposera plus de l¹environnement requis pour y accueillir les manifestations culturelles.
Il sera donc certainement nécessaire de lancer des concours d¹architecture pour l'embellissement de ces bâtisses et la réhabilitation du théâtre Cervantès, qui date de 1923, pour y héberger les activités culturelles dont la ville est sevrée depuis le début des années soixante. Le renouveau que vit Tanger sur le plan des infrastructures et des aménagements urbains garderait, en effet, un goût d¹inachevé sans la remise en état de cet édifice qui fait partie intégrante de son histoire cosmopolite de cité ouverte sur toutes les cultures du monde.
Le 9 avril prochain sera peut-être ainsi l¹occasion de fêter le soixantième anniversaire du discours historique de Mohammed V tenu en cette même place, dans un espace régénéré et digne de la signification et de la portée d¹un tel évènement.
Car, last but not least, la tradition politique doit pouvoir recouvrer tous ses droits dans une ville qui, jusqu¹à son rattachement au Maroc indépendant en 1957, a toujours été la base arrière du mouvement national.
C¹est en effet à Tanger que l¹Emir Chakib Arsalane établit ses premiers contacts avec le nationalisme marocain au début des années 30, et c¹est dans ses murs que Allal Fassi, Bel Hassan Ouazzani et Cheikh Mekki Naciri, pour ne citer que les leaders les plus connus, trouvèrent refuge aux pires moments de la répression coloniale. C¹est aussi dans cette ville qu¹est né et a grandi Ali Yata.
Peut-être qu'en souvenir de ce passé militant, la Capitale du détroit pourrait-elle fêter solennellement l'année prochaine, dans ses nouvelles parures, le cinquantième anniversaire de la tenue de la première conférence maghrébine. C¹est effectivement en 1958 que les partis de l'lstiqlal, du Destour et du FLN, lancèrent pour la première fois, depuis Tanger, un appel à l'unité maghrébine. Une occasion opportune pour les partis progressistes actuels de montrer le chemin tracé par leurs aînés.
Comme quoi le vent du changement, s¹il ne se cantonne pas seulement dans des aspects purement technocratiques, peut affecter même la politique, mais là, c¹est une autre paire de manches !

 

Mohammed BENZIANE, Maroc (09/12/2006)

En naviguant je suis tombé par hasard sur le site « TANGER ». Aussi ai-je lu quelques passages s’y rapportant et je fus pris soudainement par une nostalgie telle que j’ai été pris de frissons.
Ainsi et sans m’en rendre compte, j’ai saisi mon style pour traduire le plus sincèrement possible les sentiments que j’ai ressentis et que je ressens à chaque fois qu’il s’agit de Tanger et de les transmettre à celles et à ceux qui gardent encore, peu ou prou quelque lien filial avec cette ville mythique, cette belle cité, ce leu unique qui est ma mère, mon amante, ma nourrice, mon âme et mon esprit. Tangérois de langue date (XVIIème siècle) preuves à l’appui, je suis né en 1946 au quartier de la « KASBA », rue « KAOUS BEN ABBOU », en face de la demeure du lettré « SIDI BEN ABDELAH GENNOUN » et à quelque mètres du mausolée « SIDI AHMED BOU KOUJA ».
Mon père, que dieu l’ait en sa sainte miséricorde, était dans sa jeunesse gardien de but de deux prestigieux clubs de football tangérois : « AL MAGHREB » et « AL HILAL ». Il était surnommé « RUSSIA » car il avait travaillé comme garçon de courses à la légation de Russie sise dans le temps au plateau du Marshan.
A l’âge de cinq ans, mon père m’a inscrit à « l’école primaire des Indigènes du Détroit » au quartier « SIDI BOUKENADEL », face au détroit de Gibraltar, tout près de l’ex palais-restaurant « LES 1001 NIUTS » de Brion Gysin et de nos jours, juste en face de la résidence d’été du grand couturier Ives Saint-Laurent. Cette école portait le nom «INDIGENES ». Je ne sais encore aujourd’hui le sens de ce terme. Est-ce celui de déshérité, de nécessiteux ou celui de vrai habitant c’est-à dire d’autochtone.
(Il y avait à peu près 200 mètres de notre établissement, une autre école primaire qui s’appelait « ECOLE DES FILS DE NOTABLES » !
Enfin, les années passées, dans ce temple du savoir, aujourd’hui asile pour des enfants des rues « DARNA » sont, et de loin, les plus belles années de ma vie.
Dans le temps, je priais dieu d’écourter les grandes vacances d’été pour pouvoir retourner en classe. Cela était du à la bonté, à la générosité, à la conscience professionnelle et à la gentillesse sans bornes du corps enseignant et en particulier à deux personnes :
-Melle Peerson, institutrice émérite, ayant le métier dans le sang. Opiniâtre, impartiale et sérieuse.
-M Pert-Ellec, directeur et en même temps instituteur breton, homme droit, exemplaire et sans reproche.
Mes études primaires achevées, j’ai quitté en pleurant ce hâvre de paix, de bonne entente et de savoir pour regagner le cours complémentaire actuellement école « Zaitouna »situé a la monté du paséo Cenarro.
Là, ce fut complètement différent, car habitué aux seuls élèves des quartiers Kasbah, Sidi Bouknadel, Amrah (quartier de Barbara Hutton) et Hafa (quartier de Paul Morand),je fus en contact avec d’autres nouveaux compagnons mais qui, eux, arrivaient de tout Tanger et même de sa périphérie puisque cet établissement était le seul collège marocain de la ville. Toutefois il fonctionnait exactement comme le lycée Regnaut. D’ailleurs ne passait-on pas les examens ensemble ? (B.E.P.C & Baccalauréat).
Comme moi, Tahar Ben Jelloun et son frère Mohammed fraichement arrivés de Fès (Octobre 1955) firent leur CM2 avec moi et une partie du groupuscule émanant de «l’Ecole des Indigènes du Détroit ».
Ma sixième, la sixième B était d’un effectif qui ne dépassait guère la trentaine. C’était en 1956. Je vais essayer de citer quelques noms peut être liront-ils ces lignes et écriront-ils à leur tour sur ce merveilleux site. (Tribak, Settati, Ouakrim, Touihar, Lebbar (le jeune), Kabbaj, Hnot (le cadet), Zerrouk, Sérifi , Temsamani ... etc).
Je fus de même désemparé devant le grand nombre de professeurs. Nonobstant, tous étaient à la hauteur de leur tâche, et pour cela, je ne les ai pas oubliés :
M. Clostre (Directeur), MM. Pupier, Fontarel gendouz, Saison, Derrisy, Bennani. Melle Désarmagnac, Mme Paoli professeurs.
Cette étape de ma vie fut vécue dans une insousiance totale, une ambiance joyeuse calme, sécurisante et un environnement sain et propre à souhait.
Cependant, beaucoup de choses ont changé ou plutôt ont disparu de nos jours. Il est vrai que toutes les cités se sont métamorphosées, en bien pour la plupart, et en mal pour d’autres, Toutefois pas autant que Tanger.
Aussi, vais-je essayer de poser quelques questions auxquelles les fils et les filles de cette malheureuse cité devront répondre s’ils ressentent encore une once d’affection pour leur progénitrice et essayer de proposer quelques solutions pour sa régénération.
Qu’est-il advenu :
- Aux nombreuses librairies qui étaient disséminées dans les rues et boulevards, de ma cité ?
- A la qualité de l’enseignement qui s’y prodiguait ?
- A ce temple d’art qui était le cinéma « Cervantès » ?
- Au grand nombre d’hôpitaux et de dispensaires qui recevaient à bras ouverts et gratuitement tous les malades qui s’y présentaient et ce, sans discrimination ni sociale, ni raciale ni religieuse ? (Hôpital espagnol et ses nombreux dispensaires, hôpital italien et son dispensaire, hôpital anglais, dispensaire Fendaq Chigera, dispensaire franco-musulman)
- Au grand nombre de centres de bienfaisance qui offraient aide et soins à tous les nécessiteux ?
- Au rôle social qui jouait le bureau de pêche du port lequel à chaque saison fournissait à tour de rôle aux poissonniers du marché central un thon ou un espadon qu’ils vendaient au détail et à un prix modique aux tangérois à la bourse la moins fournie ?
- Aux vestiges et aux monuments ? (Bab Raha, Doutais et sa fameuse fontaine murale, les Grottes d’Hercule qui partent en miettes, la place de la Kasbah, le cimetière des Romains, les murailles phéniciennes, les murailles de la Kasbah …) ?
- Aux belles salles de cinéma ? (Alcazar, Capitol, Américain, Vox, Rif, Al Mabrouk, Goya, Maghreb) ?
- Au casino qui recevait les meilleurs chanteurs du monde ?
- Aux arrivées massives d’acteurs, d’écrivains, des peintres qui sillonnaient à longueur de journée les belles ruelles de la kasbah ou se prélassaient sur le sable fin et doré des nombreuses plages de la ville et de ses environs ? (Lex Barker, Mel Ferrer, Stewart Granger, Victor Mature, Barbara Stanwick, Deborah Kerr, Lawrence Harvey qui avait passé sa lune de miel à l’Hôtel Al Minzah, Johnny Weismuller, Errol Flymm dont le beau Yacht était amarré au port, Antony Quinn, Burt Lancaste, Juliette Gréco, Charles Aznavour, Le grand Jaques Brel qui avait écrit « La Valse à 1000 temps » entre Assilah et Tanger, Gilbert Becault, Sting, Les Rolling Stones, Truman Capote, Paul Morand (Hecate et ses chiens = Tanger), Joseph Kessel (Le Grand Socco), Samuel Beckett, Hergé (Tintin), les écrivains de la beat-Génération, Brion Gysin (Palais- Restaurant « Mille et une nuits ») et j’en passe sans nulle exagération.
- A quelques hôtels très représentatifs comme Pasadena, Villa de France (ou a séjourné Delacroix), Cécil, Bretagne… ?
- Aux deux piscines publiques dont s’enorgueillait la ville ? (Parc Brooks et parc Donabo)
- Aux beaux et grands magasins ? (Kent, Monoprix, Galerias Preciados, Galerias Madrid, Rewachand …)
- Aux nombreux bureaux des grandes compagnes de navigation aérienne internationales comme « Air France » « Sabena » « Iberia» « British Airways » « Lufthansa » …
- Aux grandes agences de voyage qui constituaient le plus grand pôle touristique du Royaume ?
- Aux multiples bureaux et paquebots qui jetaient leur ancre au port ?
- A la merveilleuse plage municipale avec son sable fin et doré, ses radeaux surveillés , ses cabines bien rangées et peintes d’une couleur uniforme, à l’ordre et la sécurité qui y régnaient, à la propreté qui la spécifiait, au savoir-vivre de ceux qui la fréquentaient et à la la compétence de ceux qui la géraient ?
- Aux espaces verts qui l’oxygénaient ? (Jardins de la place des nations, de la route de Tétouan, Corrinda, Rahrah, Rmilat…).
- Aux bassins-aquariums qui embellissaient toute la longueur du paséo bordant l’actuelle Avenue « Mohamed VI » ?
- A la propreté des avenues, des rues et des ruelles ?
- A l’entretien des marchés que les employés de la municipalité lavaient à grande eau chaque jour à 14 heures ?
- A l’arrosage quasi-quotidien des arbres jalonnant ses veines et artères ?
- Aux nombreux W.C qui ponctuaient les points les plus fréquentés ?
- Au calme, à la sécurité, au savoir-vivre qui y régnaient ?
- A la symbolise parfaite entre les races et les réligions ?
- A l’entraide spontanée et désintéressée entre familles, voisins et citoyens ?
... Etc.
Las de cette énumération fastidieuse qui me fait mal au cœur, je laisse choir mon stylo avec l’espoir que ce site reçoive les réponses adéquates envoyées par tous les membres, d’ici ou d’ailleurs, de la diaspora tangéroise de par le monde.

 

Omar AKALAY, Maroc (10/10/2005)
Ces Africains que l'on tue sont nos frères !
Il faut faire écho à l¹éditorial d'Ahmed Zaki publié ce samedi 7 octobre dans les colonnes d'Al-Bayane sous le titre : « Pas gendarme » !
Les Africains qui prennent d¹assaut les murs des enclaves européennes de la honte ne sont pas coupables. Ils n'ont volé personne. Ils n¹ont agressé personne. Ils n¹ont commis aucun délit punissable dans notre pays. Ils s'en prennent à un mur qui ne concerne pas les Marocains.
Ceux qui sont morts ont droit à la prière de l'absent dans nos mosquées. Il appartient aux autorités d¹interdire dorénavant d'ouvrir le feu sur ces jeunes gens, qui sont nos hôtes, qu'on le veuille ou non.
Et parce qu'ils sont nos hôtes, nous avons envers eux un devoir de solidarité. Ce devoir concerne tous les citoyens. Il consiste à les aider : c'est-à-dire leur procurer de la nourriture, des vêtements et des soins médicaux.
Point n'est besoin de l'Etat pour ce faire. Les citoyens savent s'entraider. « Bienvenue à l'étranger », dit un hadith. Qu'on le respecte au moins en ce mois de ramadan.
Ceci étant fait avant toute chose, il est possible ensuite de regarder le problème des clandestins en face.
Une première remarque s¹impose. Il n'existe aucun moyen matériel d'arrêter l¹émigration. On a beau surveiller les frontières, rien n'y fait.
Durant la guerre d'Algérie, l'armée française avait procédé à l'électrification des barrages établis tout le long de la frontière algéro-marocaine. Cela n'a rien empêché.
On peut tout au moins ralentir le flot d'arrivées. Ceci suppose une collaboration avec l'ensemble des pays riverains du Sahara. Chacun doit faire un petit effort pour dissuader les jeunes de passer en Europe, puisque de toutes les façons, on ne veut pas d'eux là-bas.
Le Maroc n'a pas vocation à devenir le camp de concentration ou le mouroir de l'Europe. C'est pourquoi nous avons le devoir, nous Marocains, de défendre ces jeunes Africains que le désespoir a poussé à devenir nos hôtes, à bien les traiter, à coopérer avec les pays dont ils sont originaires pour canaliser les émigrations du futur.
Nous avons eu le courage et l'honneur de nous opposer aux exactions du nazisme européen au cours de la seconde guerre mondiale. Nous devons rester fidèles à ces valeurs qui sont les nôtres et les mettre en pratique au profit des jeunes clandestins qui sont chez nous. Aidons les à vivre !


Khalid CHENGUITI, Canada
(23/08/2005)

Pour Tanger Agissons !
Plusieurs sont ceux qui s’acharnent à pleurer les vestiges d’une époque fleurissante d’un Tanger international, s’obstinent à glorifier son passé le qualifiant de révolu, donnent un air de mort à une ville qui continue d’exister, de vivre, de respirer et de s’engouffrer de l’amour des ses citoyens ; Tanger n’est pas qu’histoire, elle vit par ses détails qui échappent souvent aux regards, par ses architectures pittoresques si diversifiées et harmonieuses, par ses mille lieux gorgés d’histoire, par ses écrits, récits et mémoires qui sont toujours sur les lèvres, ses peintures qui font encore l’écho dans le monde, ses centres et écoles aux différentes langues et cultures qui ont survécu aux années les plus noires de son histoire, par son site unique et captivant à la fin d’un monde et au début d’un autre, par ses personnages qui ont rallié tous ces détails pour en façonner le mythe, un mythe qui indubitablement vit à travers des gens qui le portent, le protègent et le chérissent.
Tanger rayonne par ses émissaires particuliers parcourant les pays, portant une vision différente du monde, tolérante, pacifique et surtout plausible de par son existence dans leur mémoire. Tanger est une mémoire vivante, une histoire qui continue, et un conte qui vit par ses mille charmes et merveilles, son identité unique et son air rebelle. Tanger bat au rythme de ses citoyens qui sentent encore son air, son flair et son gout, écoutent ses murmures et ses cris, se tempèrent à son climat et condition, se soucient de son avenir. Tanger porte mal son identité, sa fierté et son orgueil à cause de tous ceux qui pensent qu’elle n’existe que dans leur mémoire, qui pensent qu’elle fait partie du passé, qui ne la voient qu’en vestiges, tous ceux qui se contentent de se lamenter, déplorer et critiquer sans agir."


Khalid CHENGUITI, Canada (28/06/2005)
La jungle de béton c’est ce qu’est devenue notre ville, on parle de patrimoine culturel et architectural sans savoir sensibiliser sur le thème, le peu de gens qui en sont conscients sont ces tangérois qui ont vécus l’époque internationale qui ont vécu dans le multiculturalisme et le cosmopolitisme tangérois, de nos jours la majorité des tangérois ne savent pas différencier ,et même pas apercevoir, ce type d’architecture propre à leur ville , tout le monde passe par la rue de la liberté sans s’apercevoir que pour un architecte c’est un musée vivant d’architecture, les bâtiments édifiés dans les années 1910 et 1920 près de l’ancienne gare ferroviaire sont uniques par leur architecture dans le monde mais sont fief de délinquants et de restaurants pourris, à part leur état pitoyable et la lueur noirâtre de leur apparence. si on énumérai tous ces édifices on ne terminerai jamais, Tanger regorge de particularité architecturale et patrimoniale, du theatro cervantes à la plus simple des façades des maisons de la médina, presque personne ne fait attention, qu’on on parle de patrimoine a Tanger tout le monde sous entend qu’on parle de manque de jardins ou de prolifération d’immeubles dans un carde non esthétique, le problème se résume dans le manque ou le quasi absentéisme culturel dans la ville, les tangérois ne sont plus les tangérois d’avant, ils passent plus de temps sur les terrasses des cafés qu’à visiter une galerie d’art, aller à un concert ou tout simplement regarder un bon film au cinéma, ça m’a toujours choqué d’entendre de plusieurs de mes compatriotes dire qu’ils n’ont jamais été au palais d’armement « musée Forbes » qui hélas n’existe plus ou même jamais entendu parler, pire encore peu sont ceux qui ont visité le musée de la casbah. La sauvegarde de notre patrimoine passe par le connaître d’abord et pour cela il faut que la ville renaisse culturellement.

 

Mourad AKALAY, Maroc (11/03/2005)

En commémoration des attentats de Madrid du 11 mars 2004
Le dialogue des cultures vécu par nos grand'mères
LE CAS DE AWICHA ET SOLEDAD

Le nombre de ressortissants marocains résidant en Espagne, légaux ou clandestins, n'a cessé de croître au fil des ans jusqu'à représenter aujourd'hui la moitié environ de la population immigrée de ce pays, employés essentiellement dans l'agriculture, le bâtiment et les services. Fuyant la misère, des jeunes surtout, des deux sexes, alphabétisés quand ils ne sont pas diplômés, offrent à l'économie espagnole un surcroît de main d'œuvre opportun face au ralentissement démographique que connaît le pays d'accueil et à son développement économique soutenu. Mais les conditions d'accueil laissent certes encore trop à désirer pour faciliter leur intégration sociale…

Ironie de l'Histoire

Ironie de l'histoire, cette situation n'est pas sans rappeler celle, symétrique, vécue de ce côté-ci du détroit, il y a plus de cinquante ans.
Car au début des années cinquante, Tanger qui comptait parmi ses 140.000 habitants un bon tiers d'étrangers, les Espagnols en constituaient plus de la moitié. La plupart ayant fui la guerre civile, ces immigrés étaient surtout des artisans exerçant les différents corps de métier (maçons, mécaniciens, électriciens, plombiers, etc.) et tous les services (chauffeurs de bus et de taxi, pâtissiers/boulangers, garçons de café, imprimeurs, poissonniers, etc.).
Contrairement aux autres communautés étrangères, les Espagnols vivaient dans les mêmes quartiers et souvent dans les mêmes immeubles que les Marocains, juifs ou musulmans. L'espagnol, historiquement enrichi d'un apport de près de 4000 mots arabes, devint très vite la langue étrangère la plus communément parlée, y compris parmi les couches les moins alphabétisées. Parallèlement, certains termes castillans s'infiltrèrent insidieusement dans les dialectes locaux aussi bien l'arabe que l'hébreu, ce dernier ayant donné naissance à la " Hakitia ", mélange d'hébreu, d'arabe et d'espagnol, langue que l'on retrouve semble-t-il en Turquie au sein de la communauté sépharade établie dans ce pays depuis le XVème siècle, quand elle fut chassée d'Andalousie. Les Espagnols étaient parmi les étrangers ceux qui s'exprimaient le mieux dans le dialecte local. Sans véritable barrière de communication, le dialogue permanent entre communautés s'établissait ainsi le plus naturellement du monde, dans le respect des différences. La convivialité était de mise entre toutes les communautés qui se plaisaient même à festoyer bruyamment dans la rue à la faveur des hasards du calendrier, dans la plus parfaite tolérance.

Proximité et solidarité

Pendant que les jeunes de toutes confessions se retrouvaient à la plage, dans les cafés, le long des promenades des boulevards et sur les terrains de sport, leurs mères, pour la plupart au foyer, s'exerçaient, entre voisines, à la pratique des langues étrangères. De ces contacts de proximité naquirent des relations de solidarité quand ce ne fut pas de complicité entre les différentes tranches d'âge de la population.
Ainsi, les mères d'adolescents désoeuvrés intercédaient auprès de leurs voisines espagnoles pour placer leurs enfants en apprentissage dans les ateliers de leurs maris. Beaucoup y apprirent un métier sur le tas sans jamais avoir été scolarisés. Au début des années soixante, la plupart reprirent à leur compte le commerce de leurs anciens patrons, cette tendance se généralisant quelques années plus tard à la faveur de l'adoption de la loi sur la marocanisation.
Les jeunes filles du quartier dont aucune ne portait le voile s'adonnaient librement aux jeux de la marelle et aux sauts à la corde tout en s'initiant de temps à autre à la couture et à la broderie chez les voisines de palier.
Le troisième âge n'était pas en reste, même s'il était surtout le fait des grand'mères, moins sensibles aux préjugés que les hommes, l'esprit plus concret et plus aptes à communiquer. Privées de toute scolarité durant leur enfance, fut-elle celle du Msid, elles ont gardé intacte en elles une soif d'apprendre insatiable.
Ce fut notamment le cas de deux femmes d'âge mûr qui vivaient aux abords de la médina, tout près de la Légation d'Amérique. Elles prenaient chaque matin le temps de bavarder et de libérer leurs cœurs en se confiant l'une à l'autre leurs chagrins du moment.

Comme deux complices !

De petite taille, Awicha qui portait bien son prénom, avaient des yeux à la fois rieurs et pétillants d'intelligence. En quelques années, elle a su acquérir par la pratique les rudiments de vocabulaire nécessaires lui permettant de s'exprimer sans complexe en espagnol. Le prénom de sa voisine Soledad, qui signifiait " nostalgie " cadrait parfaitement avec son regard triste et sa tenue vestimentaire austère de couleur toujours sombre, qu'égayait cependant, sur une forte poitrine, son inséparable croix en or. Awicha quant à elle ne portait généralement que du blanc ou du blanc cassé que ce soit pour le "zegdoune ", le foulard laissant paraître au-dessus des oreilles de belles mèches couleur noire de jais ou le " harraze " brodé de motifs de couleur discrète. Plus par commodité que par coquetterie, deux bracelets en or lui servaient à retrousser les amples manches de sa tunique.
Elles se rencontraient très tôt le matin sur le pas de porte, à l'heure du passage du laitier avec son troupeau de chèvres, le temps de le voir traire de grosses mamelles pendantes, et remplir chacune sa casserole de lait encore fumant. Mais c'est surtout à travers la grille de la chambre à coucher de Soledad qui donnait directement sur la terrasse de Awicha que les conversations se nouaient le plus naturellement.
Un grand lit en fer doré, à baldaquin surmonté d'une couronne occupait la plus grande partie de la pièce sous un immense crucifix. Plusieurs fois par jour Soledad avait coutume de s'agenouiller en face avec ferveur.
Pour Awicha, bien que pratiquante, la prière n'était pas son passe-temps favori. Elle lui préférait le jardinage, la couture et surtout la cuisine où elle excellait de façon magistrale.
Chacune avait un scrupuleux respect pour les convictions religieuses de l'autre. Si elles s'appliquaient régulièrement à s'expliquer la signification de chaque fête, de chaque cérémonie familiale (mariage, baptême, circoncision, le premier jeûne, etc.) et à commenter les mets servis pour la circonstance, elles se gardaient bien de critiquer le moindre rite ou tradition ancestrale de l'autre.
Il leur arrivait parfois de partager leurs joies mais aussi d'échanger leurs recettes, leurs remèdes et leur savoir-faire, avec leçons de choses à l'appui. Leurs cuisines n'avaient plus de secret l'une pour l'autre. Les infusions et concoctions de plantes et de graines de la pharmacopée locale non plus. Les échanges allaient des techniques de traitement des plantes, de greffe des boutures ou de conservation des fromages, aux astuces pour repasser les tissus les plus délicats, nettoyer vêtements et meubles, refaire les peintures défraîchies, etc. Soledad découvrait avec ravissement les charmes du khôl, du henné, du ghassoul et la chaleur moite du hammam. Awicha s'initiait à l'art de la cuisson du riz, des crevettes et calamars, aux grillades de poissons et à la préparation du gaspacho.

Echanges de bonnes pratiques et débat d'idées

Dès les premières années de voisinage, elles avaient appris à se connaître. Awicha avait une fille mariée très jeune et un garçon prénommé Mohamed. Soledad avait un fils unique baptisé Jésus. Les deux garçons aux prénoms prédestinés symbolisant les deux cultures, étaient tenu de mériter l'honneur qui leur a ainsi été fait à la naissance. En célibataires endurcis à l'époque des mariages précoces, les deux lascars ne l'entendaient pas de cette oreille ! S'ils acceptaient sans rechigner d'être chouchoutés à l'extrême, ils ne faisaient à leurs mères aucune concession. S'ignorant superbement du fait de leurs préoccupations différentes, ils étaient tombés au moins d'accord pour donner à leurs mères du sérieux fil à retordre. Mohamed, vingt trois ans, journaliste en herbe dès l'obtention de son CEP, militait au sein du Parti de l'Unité et de l'Indépendance ce qui lui valait de temps à autre quelques tracasseries policières. Toujours flanqué d'une bande de copains qui trouvaient chez ses parents cigarettes, gîte et couvert, il ne fallait surtout pas lui parler de mariage ! Jésus, son cadet d'un an à peine, mais plutôt joyeux luron que bourreau de travail, désespérait Soledad par sa nonchalance et son refus obstiné d'aller à la messe le dimanche, préférant les charmes de la plage et la compagnie des petites amies. Ainsi donc, les mésaventures et les caprices de leur progéniture meublaient au moins la moitié de leurs conversations.
A la moindre occasion, l'avis de l'une était sollicitée par l'autre. Si par une journée de fort vent d'Est, il arrivait à Jésus de prendre du sable ou un quelconque corps étranger dans l'œil, Awicha préconisait aussi tôt à Soledad d'introduire sa langue sous la paupière de l'œil atteint et après un balayage complet du globe oculaire, de cracher les substances retirées. Une foulure de Mohamed après une chute d'escalier et voilà Soledad qui conseille le remède et le type de massage les plus efficaces.
Dans leurs bavardages quotidiens, la politique n'était pas en reste ! Bien que ne sachant ni lire ni écrire, Awicha avait toujours les oreilles collées à son poste de radio dès les premières lueurs de l'aube. Elle surfait sur les ondes courtes, de station en station : Saout Al Arab du Caire, la BBC, Radio Moscou, Radio Tanger International, etc. pour qu'aucune information ne lui échappât. Avec Soledad qui se tenait informée par les médias espagnols, la revue de presse était toujours abondante.
Toutes deux ferventes monarchistes, Awicha pleurait sur le sort de Mohamed V exilé par la France tandis que Soledad se lamentait de la marginalisation par Franco du comte de Barcelone légitime héritier du trône d'Espagne. Des guerres et des activités de la résistance, elles en parlaient mais surtout pour se lamenter sur les morts innocentes et les excès qu'elles auraient pu connaître. Soledad était taraudée par le souvenir de ses proches, morts pendant la guerre du Rif et de son neveu abattu durant la guerre civile par les " régulares " rifains. Mais toutes deux étaient unanimes pour condamner guerres et violences surtout celles qui auraient pu risquer de leur ravir leurs fistons.
Autrement, les opinions divergentes s'exprimaient dans le respect réciproque et dans la plus grande courtoisie.

L'épilogue

N'empêche que, même si les manifestations de rue appelant au retour du roi Mohamed V et à l'indépendance se déroulaient généralement dans le calme, à de rares exceptions près, ce qui préoccupait le plus les deux voisines, c'était le spectre prévisible de leur inévitable séparation. Et celle-ci finit bien par arriver un jour, à la fin des années cinquante, mettant ainsi un terme à une relation quotidienne et une amitié de plus vingt ans. Ce jour-là, leurs larmes s'entremêlèrent indistinctement dans le même chagrin et le plus grand déchirement.
Les vicissitudes de la maladie puis les inévitables contraintes de la vieillesse finirent par avoir raison de leur rêve commun de se retrouver un jour quelque part sur l'une ou l'autre rive du détroit.
Croyantes, elles ne désespéraient pas de se rencontrer dans l'au-delà, elles qui n'avaient jamais prêché la haine mais toujours su percevoir, avec une émotion jamais feinte, la chaleur du regard sincère de l'autre.
Si elles étaient encore en vie, elles auraient certainement pleuré de rage le 11 mars 2004, quand la barbarie frappa Madrid, causant 192 morts innocentes et près d'un millier de blessés. Pareille incroyable régression était-elle imaginable à leurs yeux ? Les fils du dialogue entre collègues de travail, voisins de pallier, gamins des mêmes quartiers se sont-ils à ce point rompus sous l'influence néfaste des prêcheurs de haine ? Ceux-ci ont-ils pu en toute liberté se livrer à leur commerce macabre sans qu'aucun n'y prêtât la moindre attention ? Ce qui est certain, c'est que de ce côté-ci du détroit non plus nous n'avions pas vu ou pas voulu voir grandir le monstre. Il faudrait donc en toute humilité savoir faire amende honorable et en tirer toutes les conséquences en matière d'éducation, d'enseignement, d'animation culturelle et d'intégration sociale pour éviter la prolifération des ghettos sécréteurs de marginaux facilement manipulables.
Quant à Awicha et Soledad, elles n'auraient finalement eu pour seule consolation que l'attitude exemplaire, à de très rares exceptions près, de la population espagnole envers la communauté marocaine établie sur son sol. Quand on pense à la chasse à l'homme dont sont victimes les paisibles ressortissants marocains en Corse, cette " l'île de beauté " sérieusement enlaidie par le racisme, on ne peut que se rendre à l'évidence. Pour tous les peuples du bassin méditerranéen c'est une bien belle leçon de civisme à méditer en ce triste anniversaire !

 

Khalid CHENGUITI, Canada (25/12/2004)
Tanger Ma ville.
Je suis étonné par le nombre grandissant des grands projets à Tanger, le port Tanger-Med et toute l'infrastructure annexe, routes, autoroutes ...etc. Le Tanger City Center pour bientôt, le projet Ghandouri en cours, le réamenagement du lac artificiel.
Tanger va devenir une ville aux normes sauf que sans culture tout ça ne vaut absolument rien. Je suis avec impatience le lancement du projet de l'Association Sigma et je me demande comment un projet d'une telle envergure peut se réaliser alors qu'il fallait commencer par un centre culturel. J'ai toujours revé d'avoir un centre culturel à Tanger qui abriterait le conservatoire de musique, des salles de cinéma, un théâtre. Mon rêve était et est toujours d'ailleurs de construire une très grande bibliothèque municipale au lieu même de l'ancien conservatoire. On s'est penchés là-dessus moi et quelques amis et on a mis quelques plans qui intègrent la mosquée, son centre de conférences et une biblothèque multifonctions surtout que le terrain est en relief, ça permet d'avoir des parkings de bas niveau et d'embellir toute la zone. Mais ça s'arrête là puisque toute notre élite tangéroise se penche sur d'autres projets alors que la culture est primordiale. J'ai vu comment juste le petit centre de Chabiba a pu changer les mentalités de plusieurs quartiers défavorisés et a impliqué de plus en plus les tangerois aux activités cuturelles. Si vraiment on veut devenir des tangérois modernes, ouverts au monde et aux autres cultures, il faudra penser à l'aspect culturel parce que Tanger sans tangérois n'est rien, et personne ne me contredira que Tanger est presque la seule ville marocaine qui a été façonnée aux infimes details par ses citoyens d'ailleurs. Tout le mythe tangérois est autour de personnes et personnages.
Khalid Chenguiti

Khalid BENSLIMANE, Maroc (05/07/2004)
Tanger résonne dans mon coeur de cette manière : "Lorsque s'étend le soir de toute sa langueur sur la mer apaisée, et que la terre se pare de sa plus belle ombre encensée par l'odeur encore chaude des pins, mon cœur s'ouvre à mon âme qui déverse le ciel. Le bleu m'envahit alors jusque dans le blanc des yeux où vient s'échouer le jour en petites vagues dorées. Un ultime vol d'oiseau zèbre le soleil qui rassemble ses derniers halos téméraires. La nuit, parfumée de jasmin, dévale les collines enivrant les grillons qui se taisent.
C'est en ce moment précis que mes pensées s'enroulent, comme une cigarette allumée à la braise de la nostalgie, sur laquelle je tire goulûment un effluve de thé à la menthe. Sa douce odeur s'élève au son des dés jetés en l'air et qui tourbillonnent encore à nos instants d'insouciance, lorsque sous le pin une partie de "Parchi" agrémentait nos soirées sans fin.
Et la mer qui murmure, sous le ciel serein qui s'étire à l'infini... jusque dans le cœur des hommes par lequel elle respire."
Mais cette nostalgie qui se dégage des propos de tous les amoureux de Tanger ne lui est pas d'un très grand secours. Personnellement j'estime que tous les amoureux de Tanger devraient s'impliquer de manière plus présente dans le processus de développement de la ville. Nous ne pouvons continuer à accepter un pouvoir décisionnel unilatéral aux seules autorités locales et accepter le contrôle total de la gestion de la ville par une minorité qui l'amène doucement mais sûrement vers un désastre certain soit par vénalité sinon le
plus souvent par incompétence.
Nous ne pouvons plus continuer à protester "entre nous" dans les cafés en nous lamentant sur les fastes d'antan en laissant le champs libre à une poignée de spéculateurs sans scrupules et dont la plupart n'ont aucune idée de ce que fut la grandeur de cette ville.
Il devient urgent de créer une association qui regroupera un maximum de personnes, actives, et désireuses de redorer le blason de "leur" ville. Association qui oeuvrera en parallèle et conjointement avec les autorités compétentes qui gèrent la ville et qui servira de garde fou à tout débordement nuisible en matière de gestion et d'orientation.

Khalid Benslimane

 

Alia WAEZ, Maroc (25/09/2003)
Pour qu´elle soit une ville prospère et agréable à vivre, seuls les vrais tangérois pourront gérér efficacement leur ville. Si Oussama Zekri vivait ici à Tanger ,je voterais pour lui, sans le moindre doute.
Je n´ai voté pour personne, ce n´est pas de ma faute si aucune des personnes qui s´est présentée aux élections ne me convainct ni moi ni personne. Donc, le problème qui se pose est de chercher des personnes capables qui soient à la hauteur pour gérer cette
ville qui n´est pas facile, vu le nombre impressionnant de gens "de dehors" qui sont venus s´installer durablement. Vu le nombre impréssionant de belles bâtisses disparues, pour laisser place à des édifices bétonnés, Tanger n´est plus ce qu´elle a été.
Conservons au moins son climat, sa luminosité, son air; et faisons de Tanger, une ville moderne, raffinée, authentique ayant un statut important dans le pays. Et que tous les ex-tangérois qui sont éparpillés à travers le monde, puissent avoir comme résidence secondaire : Tanger. "
bacharki@emmsa.es
NDW : Même si je suis sensible aux propos d'Alia, je voudrais préciser que je ne suis bien évidemment candidat à rien.


Hmido BEN OBEID, Belgique (02/03/2003)
Bonjour,
Je tiens d'abord a remercier le webmaster pour ce site riche en infos sur Tanger. Je suis un tangérois assidu. J'y ai passé mon enfance, fils d'ouvrier, je n'avais pas beaucoup de moyens. Maintenant je suis en Belgique. Je vis bien et je retourne au moins deux fois par an à Tanger. Je vais donner mon avis sur le débat, bien qu'il (je pense) ne plaira peut-être pas, je pense que Tanger change oui c'est vrai, mais il y a des points qui ne changent pas, des repères que personne ne peut changer et chaque enfant de Tanger a ses propres repéres. Je n'aime pas les nouveaux trucs genre le McDo à côté du cinéma Daouliz. Ces trucs là puent le profit et la bouffe nauséabonde américaine. Surtout que les prix dans les McDo en Europe ça va, en Amérique c'est RIEN ! Mais si vous avez vus les prix dans le McDo de Tanger, là c'est fort ! Pour ce que gagnent les populations locales c'est triste. En fait, c'est fait pour les touristes c'est sur (mais bon, on y peut rien c'est la mondialisation).
Sinon, quand on parle de propreté, moi je me rapelle mon enfance. On allait dans les terrains vagues poisseux, allumer des feux pour brûler les saletés et jouer avec drari del haouma. Je me rapelle les marches à pied (le bus était trop cher) jusqu'à la plage d'ashakkar (Cap Spartel)... ça c'était la vraie vie.
Tanger est une métropole, carrefour des cultures, des religions, des ethnies minoritaires ou non. Il s'est développé là une diversité incomparable et ce, toujours dans le respect les uns des autres. Pourquoi quand vous parlez d'aider Tanger personne ne parle des pauvres jeunes qui tous les jours prennent clandestinement (pour un prix qui les ruine à jamais) des bateaux pour fuir la misère vers l'Espagne (certains même à la nage, un risque inouï à mes yeux même pour un bon nageur) ? Combien de morts recense-t-on chaque année ? Des cadavres qui viennent s'échouer sur les côtes espagnoles, ça tout le monde s'en fout que ce soit l'élite espagnole ou marocaine. Donc à mon avis, Tanger n'a pas besoin de changement, je l'aime comme elle est c'est la perle du détroit (Tanja balia). Il y a d'autres problèmes plus graves comme celui précité.
Bonne continuation à tous de la part d'un autre enfant de Tanger yahi." ibn_ruchd@yahoo.fr


Saad ELMAZOURI, Grande Bretagne
(26/08/2001)
Salut Agnès
C'est bien de penser investissement et developement, mais ce qui reste aux tangérois c'est bien et seulement bien cette nostalgie. Car personne ne croit plus aux avantages du developement car tout les bénéfices sont dilapidés à gauche et à droite. Tanger a des ressources et un potentiel énorme. Ce qu'il faut c'est dénoncer les corrompus et les amener devant la justice d'une part et d'autre part, instaurer un systeme administratif basé sur la compétence et non sur l'ancienneté. Je pense que ce sont les premiers pas pour optimiser le rendement de tout effort d'amelioration. Merci.

Omar CHAOUI, Emirats Arabes Unis (20/06/2000)
Salut tout le monde
Je suis Marocain/Français résidant à Dubai ! J'ai passé 4 ans à Tanger en tant qu'étudiant et je suis devenu tangérois!
Pour aider Tanger, il faut relancer son économie. Pour faire cela, il faut y relancer l'investissement --> relancer l'emploi --> relancer la consommation --> attirer les autres!
Maintenant la question qui se pose est qui va investir! On sais que pas mal d'investissements se font et se sont fait, l'autoroute, les parc éoliens, le nouvel hôtel à Malabata ... Je pense surtout à des investissements du genre boutiques branchées, franchises, petits restaurants, journaux, piano-bars, discothèques ... Bref, ce genre de petits coins sympa où on a du plaisir à se retrouver. Le probleme de Tanger, c'est le manque d'organisation et la propreté défaillante en certains endroits! Si vous souhaitez commenter, mon e-mail est : opsami@yahoo.fr. A plus ..."

Jaqui BENQUESUS, Angleterre (31/05/2000)
Chère Agnès,
Je suis pour toute initiative constructive et surtout lorsqu'il s'agit de Tanger. Mais malheureusement on ne peut pas s'arrêter de rêver surtout lorsqu'on a passé une enfance et adolescence très heureuse. Est-ce que tu as une proposition ferme? Moi je me permettrai de suggérer de commencer par organiser une rencontre à Tanger de tous les ex-Tangérois. Qu'en penses tu?
Jaqui. (pour repondre: jackbe99@yahoo.co.uk)

Mose BENITAH, Canada (29/05/2000)
Cher Oussama,
J'ai été au Maroc du 15 au 23 Mai 2000, accompagné de representants d'une firme americaine intéressée par la construction de ce villge. Nous avons visité des lieux possibles et on ne peut se plaindre, il y en a quelques uns. Nous allons pour l'instant garder le secret des lieux pour éviter la spéculation. Nous reviendrons sous cette rubrique pour tenir au courant "ceux qui aiment Tanger". A bientot
Mose Benitah. benitah@primus.ca

Mose BENITAH, Canada (22/04/2000)
Cher Oussama,
Je pense que la reponse à la question : Comment faire de Tanger une cité prospère et agréable à vivre? est à la fois simple et compliquée. Simple, parce que "agréable à vivre" est surtout liée au fait que c'est ce que Tanger offre à tout un chacun de par la ville elle-même. Compliquée, c'est surtout de par le fait que Tanger serait vraiement une cité agréable à vivre si seulement tous ceux qui comme nous, ou bien comme tu le dis si bien, "Ceux qui aiment Tanger", pouvaient se rencontrer. C'est vrai que Tanger nous unit, et cela pour toutes les raisons que vous pouvez tous évoquer. Mais Tanger est là. Nous pouvons tous y aller quand cela nous chante. Le seul probleme, c'est que nous ne nous retrouvons plus les Tangérois, pour beaucoup de raisons, la ville a drôlement grandi et les gens ne sont plus les mêmes. Essayons donc d'y remédier en créant un club de vacances, où l'on pourrait se rencontrer et passer un bon moment. Il y a autour de Tanger assez de place pour cela. Nous retrouverions l'environnement, respirerions l'air de Tanger, et surtout, serions ensemble là, entourés de Djeblis et de Rifis, avec nos amis Marocains, Espagnols, Français, Italiens et Scandinaves.
Comment faire de notre ville une cité prospère? Je pense que si l'on aboutit à faire de Tanger une ville agréable à vivre, la prosperité suivra tout naturellement.
Je suis prêt  pour ce village. Je n'attend que votre feu vert.
Mose Benitah, Thornhill, Ontario, benitah@primus.ca.


Agnès DRONNIKOV, France (05/03/2000)
J'ai une suggestion pour les Tangérois ; laisser tomber la nostalgie et penser à l'avenir. Que diriez vous de la création d'une véritable zone franche dans cette ville qui ne concernerait pas seulement le port. Ou encore, il paraît qu'un autre port va être construit sur l'atlantique à une quinzaine de kms de Tanger. Pour le moment, on ne voit rien venir d'ailleurs. Dans ce cas il faudrait que le vieux port devienne un port de plaisance avec tout ce que cela comporte. Autrement dit, investir quand il est encore temps. Puisque des personnalités (people) remontent de Marrakech vers Tanger, il faudrait que quelques uns en profitent pour faire de cette ville ce qu'elle aurait toujours du être, une ville privilégiée par son site et qui actuellement n'est absolument pas exploité. Qu'en pensent nos nostalgiques de France, du Canada, du Venezuela, de Madrid ou d'ailleurs? Amitiés.
A. D.


Oussama ZEKRI, France (16/01/2000)
La création de ce site résulte d'un désir clairement exprimé de participer, modestement, à un élan d'intérêt à propos du développement de la ville de Tanger. La première option qui s'est imposée à moi comme une évidence, a été de retracer l'histoire de la ville. Cette approche dénote probablement une croyance naïve dans la possibilité que l'intérrogation du passé de la ville puisse fournir quelques éléments de réponse à une amélioration de son sort. Cependant, j'ai pris maintenant conscience que l'Histoire est, et ce depuis les temps les reculés, abordée en fonction des préoccupations bien contemporaines de ceux qui s'y adonnent. Ces arrières-pensées, parfois inconscientes (certains diront subconscientes), incitent à privilégier tel ou tel aspect historique au détriment de bien d'autres. Il me semble que je n'aie malheureusement pas dérogé à la règle.
La question de fond est la suivante : comment faire de Tanger une cité prospère et agréable à vivre ? Le repère le plus immédiat que nous avons tous à l'esprit est celui de l'époque du "statut" international de la ville. La grande liberté acordée dans le domaine commercial et financier a créé, probablement de manière artificielle, un îlot de prospérité dans un environnement caractérisé par les difficultés économiques du Maroc.
Or, quand on regarde ne serait-ce que les titres des rubriques de ce site, force est de constater que l'idée-force qui a été mise en avant est celle de l'internationalisme. Comme si, pour Tanger, il n'y avait point de salut hors de l'extra-térritorialité et du particularisme géopolitique. L'impression que j'en retire maintenant est que la référence idéalisée au "statut" des années 1925-1956 a déteint sur la lecture que j'ai eu de l'histoire de la cité. Il apparaît pourtant, quand on y regarde de plus près, que Tanger a été prospère à chaque fois qu'elle appartenait pleinement à un état prospère et puissant, assurant la sécurité des biens et des personnes comme les empires romain, arabe et marocains (Almoravide et Almohade). Les puissances peu impliquées comme le Portugal et l'Angleterre, n'ont pas su apporter cette prospérité à la ville du fait de leur incapacité à contrôler l'arrière-pays. La parenthèse du "statut" est assez particulière dans le sens où la prospérité qu'il a induite était principalement fondée sur la spéculation. De plus, l'absence de système fiscal efficace n'a pas permis une redistribution (même minime) des richesses, contribuant ainsi à créer un fossé non seulement entre les classes sociales, mais également entre les différentes nationalités qui y cohabitaient.
Il me semble qu'une des leçons que l'on peut tirer du survol de l'histoire de Tanger est qu'une des voies possibles du développement de la ville réside probablement dans une approche reposant sur le trépied suivant :
- un développement accru de l'état marocain (accompagné d'une redistribution efficace)
- une ouverture commerciale et industrielle à l'étranger, indispensable pour un port à la fois atlantique et méditérranéen qui, de surcroît, est adossé à un arrière-pays pauvre en ressources agricoles et minières
- une politique culturelle à la hauteur du défi car l'économie seule, ne fait pas tout.
J'aimerais insister ici, sur l'aspect culturel. Je suis pour ma part, intimement convaincu, que la culture non seulement comme formation intellectuelle et professionnelle, mais également et peut-être surtout, en tant que conscience de soi et du monde, est la vraie clé d'une renaissance durable et partagée de Tanger.