Qu'y a-t-il de comparable à Tanger aux fameuses mosquées
Qarawiyyîne, Koutoubiyya,
Hassâne ? Qu'y a-t-il de semblable à la beauté
majestueuse des médersas de Fès, de Marrakech
et à tous les jardins impériaux des anciennes
capitales du royaume ?
L'absence relative des monuments célèbres légués
par les grandes périodes de l'histoire glorieuse du
Maroc n'entame pas l'image illustre de Tanger. Cette ville
reste parmi les plus belles villes du Royaume du Maroc et
parmi les plus renommées sur le plan international.
Elle est aussi réputée que les grandes villes
méditerranéennes telles qu'Alexandrie, Istanbul,
Marseille, etc... Cependant, sa célébrité
internationale était souvent entrée en contradiction
avec sa situation intérieure ou nationale.
En fait, le prestige symbolique de Tanger s'est nourri de
son histoire et sa situation géographique exceptionnelles.
Il est avant tout le produit de l'imaginaire littéraire
et artistique international reflétant l'empreinte cosmopolite
de son passé. Depuis la fin du XIXe siècle,
de nombreux artistes traversent la Méditerranée
pour s'établir plus ou moins durablement à Tanger.
Pour les peintres, la lumière, l'architecture et les
habitants de la ville ont été la source de leur
inspiration. Découverte à la fin du XIXe siècle
par Eugène Delacroix, elle sera ensuite le thème
des peintures de Georges Clairin, Jacques Majorelle, James
Wilson Morrice, Kees Van Dongen, Claudio Bravo, et surtout
Henri Matisse. Quant aux écrivains, chacun est venu
explorer les thèmes de sa fiction. A la suite de Paul
Bowles, des écrivains et musiciens de la " beat
generation " comme de la vague hippie arrivent dans cette
ville : Tennessee Williams vient le retrouver, ainsi que William
Burroughs, Paul Morand, Jean Genet et d'autres encore... Des
écrivains marocains de Tanger ou d'autres villes, comme
Tahar Ben Jelloun, Mohamed Choukri, Mohamed Berrada, ont également,
chacun selon sa sensibilité, haussés l'image
symbolique de cette ville.
Donc, fiction et mythologie entretiennent l'épopée
de cette cité légendaire. Néanmoins,
il existe une autre ville, celle du réel que vivent
les Tangérois d'aujourd'hui, désenchantés,
déplorant sa dérive et son déclin. Cette
représentation est imprégnée, à
sa manière, d'une mythologie de l'histoire. Le présent
problématique se mesure à l'aune d'un passé
fabuleux, un âge où la cité vivait dans
l'enchantement. Le drame de Tanger est inhérent à
cette vision nostalgique, prisonnière d'un passé
évanescent. A quel âge d'or se réfère-t-on
? Le passé colonial, l'époque islamique entrecoupée
de quelques dominations ibérique et anglaise ou plus
loin encore, l'histoire romaine ? Difficile d'obtenir une
réponse intelligible. Tanger, dit-on, est une ville
énigmatique qui a fini par mêler les normes de
déchiffrage et brouiller à la compréhension.
La représentation des Tangérois reste vraisemblablement
captive de ces mythes associés à leur ville.
Parce qu'elle a été, notamment dans un passé
proche, une cité ouverte, multinationale et multiculturelle,
elle serait devenue une ville équivoque. Jadis, elle
était la ville de l'élégance, célèbre
pour son ambiance joyeuse, agréable grâce à
ses lieux pittoresques, habitée à la fois par
des créateurs notoires, mais aussi par une faune interlope.
Aujourd'hui, la ville est devenue, pour les citoyens de Tanger,
un univers où spéculation et contrebande concourent
à la dévastation de l'espace urbain et du patrimoine
architectural et à la dégradation de l'environnement.
Immeubles construits en centre-ville et sur la baie, sans
goût, dans le désordre, déplorables lotissements
illégaux édifiés à l'infini à
la lisière de la ville ; au centre-ville, rues étroites
saturées, circulation très laborieuse, pollution
de l'air, du sol et de l'eau, odeurs nauséabondes des
égouts à l'est de la ville...
A Tanger, le bâtisseur ne s'est pas beaucoup préoccupé,
ces dernières années, des espaces verts et en
général de l'environnement. On a beaucoup coupé
les arbres, on a construit partout où la spéculation
battait son plein. Ce désordre urbain est le reflet
sur le sol, comme l'écrivait il y a plus de trente
ans, le sociologue français Henri Lefèbvre,
des contradictions ou des antagonismes sociaux. Dans beaucoup
de villes des pays en voie de développement, cette
corrélation existe peu ou prou. Généralement,
une société urbaine en crise face à une
modernité mal assumée génère une
ville sans règles ni lois.
Pour comprendre, l'état actuel, il est nécessaire
d'examiner dans ce colloque l'histoire urbaine de cette ville
et de réfléchir sur les " modèles
" urbains qui ont façonné ses configurations.
1 / Tanger, une
aventure millénaire
Tanger
est une cité millénaire, mais son histoire ne
commence réellement qu'à la fin du XVlle siècle,
date de son intégration au Maroc par la dynastie alaouite.
Depuis l'Antiquité, c'est une ville fuyante et instable.
Tantôt cité-phare et capitale qui contribua pleinement
aux civilisations méditerranéennes, tantôt
petit port replié et dérisoire, oublié
de l'histoire, incendié et parfois anéanti par
les envahisseurs et les conquérants de passage. Coupée,
isolée de son arrière-pays, Tanger regardait
vers le Nord. Rome la haussa au rang de métropole.
Lieu de convergence des grandes voies terrestres, site privilégié
d'embarquement vers Rome, Tanger devint résidence du
procurateur de la Maurétanie Tingitane. Berbères,
Romains, populations d'origine diverses provenant des côtes
méditerranéennes firent d'elle un creuset culturel.
Trouvant sa position trop excentrique, les dynasties musulmanes
n'ont jamais fait d'elle une résidence royale. Depuis
lors et jusqu'à la fin du XVllle siècle, Tanger
n'a pas connu le développement, ni la stabilité,
ni l'épanouissement culturel et architectural des villes
impériales, Fès, Marrakech, Rabat et Meknès.
Occupée par les Portugais, les Espagnols et les Anglais
pendant environ deux siècles (1471-1684), elle resta
liée à l'Europe. A sa reprise par les tribus
berbères du Rif, dont une partie l'habite encore, la
ville fut la première au Maroc à accueillir
progressivement une population étrangère, chrétienne,
indésirable dans le reste du pays. Tanger fut "
sacrifiée " et " souiilée " selon
les dires de l'époque, à la nécessité
d'éloigner de la cour chérifienne le lieu de
résidence des représentants des puissances étrangères.
Mais c'est encore l'histoire et la géographie qui firent
d'elle une capitale diplomatique du Maroc, puis une ville
internationale et cosmopolite et enfin indépendante,
intégrée au Maroc moderne. Quelles traces urbaines
et architecturales reste-t-il de cette très longue
épopée ? De l'Antiquité, il ne subsiste
pas grand chose de significatif, sauf quelques tombes au nord
de la médina, parfois converties en dépotoirs.
La cité romaine, avec son temple, son forum, ses voies
principales, le decumanus et le cardo, est en
fait ensevelie sous la ville musulmane actuelle qui, elle,
a été édifiée fraîchement
aux XVlle et XVllle siècles. La ville islamique fut
anéantie par les invasions et les destructions successives.
C'est au XIXe siècle que la médina prit sa physionomie
actuelle, tandis que la ville nouvelle commença son
développement dès le début du XXe
siècle.
Dans la ville de Tanger, il y a deux cités en une.
Comme le note Jacques Berque, la première est venue
d'en haut et la seconde d'ailleurs. D'ailleurs comme ville
récente, engendrée par la société
européenne, capitaliste et moderne. D'en haut, comme
ville historique, centre de la loi et de la foi, diffusant
une éthique islamique citadine et bénéficiant
des privilèges attribués aux lieux consacrés,
protégés par leurs saints, mosquées et
citadelle. Car la médina de Tanger a également
été une éminente cité de spiritualité.
Avec son saint patron, Sîdî Bouâarraqiya,
ses nombreuses confréries mystiques et zaouïas
des Derqawa, des Aïssawa, sa mosquée cathédrale,
Djâmaâ el-Kébîr, ses dizaines de
moquées et msid, elle a été aussi une
cité dotée de toutes les institutions urbaines
islamiques.
Produits de deux sociétés différentes,
ces deux entités urbaines dessinent sur le sol les
antagonismes et les contradictions que vivent les Tangérois
d'aujourd'hui.
2 / La citadinité
de la ville arabo-islamique de Tanger
Les premiers
bâtisseurs de la médina de Tanger furent en même
temps ses libérateurs. La viile arabo-islamique fut,
si je peux employer le concept de l'urbaniste Anatole Kopp,
le " condensateur social ". En quelques décennies,
le style citadin traditionnel, raffiné et subtil, s'est
affirmé et la culture islamique urbaine a trouvé
son entier épanouissement. Comme dans tout le Maroc,
cette urbanité se définissait, d'abord, par
rapport à la culture rurale. Les ruraux, jbâla,
fahsiyya et rifains, étaient les plus nombreux et les
plus puissants.
Si importante et si riche que soit la vie urbaine, elle ne
concernait qu'une très faible partie de la population.
Au milieu du XIXe siècle, les ruraux représentaient
environ 90% de la population totale. Nomades ou sédentaires,
ils étaient numériquement les plus nombreux
et politiquement les plus puissants, même si quelques
métropoles dépassaient cent mille habitants,
les citadins demeuraient minoritaires.
Ce sont donc deux morphologies contrastées : la cité
blottie dans ses remparts et repliée dans ses quartiers
et ses impasses, point minuscule au milieu d'une oppressante
et évasive campagne. " Un violent décalage
oppose de part et d'autre des murailles, le citadin à
son compère rural. Le langage, les habitudes, l'histoire,
le mode de vie, la figure même et les vêtements
ne les opposent pas moins l'un à l'autre. Le grand
style urbain reste coupé du pays". Ces différences
essentielles se traduisent souvent par les mauvais rapports
qu'entretiennent ces deux parties, allant jusqu'à l'hostilité
plus ou moins exacerbée. " Le citadin, écrit
G. Tillon, méprisait le rural et sa grossièreté
: quand il pouvait, il le rançonnait. Le rural méprisait
le citadin et ses allures efféminées : jalousant
ses richesses..., il guettait l'occasion de l'en déposséder".
Ainsi, dans l'histoire du Maroc, le grand style urbain reste
coupé du pays. Et ce désaccord de styles, qui
transcrit une divergence économique et psychologique,
l'affaiblit et le met en difficulté et parfois en danger.
La cité est le symbole du pouvoir, la résidence
du prince ou de son représentant. Ses relations avec
l'extérieur restent fluctuantes, car le territoire
dominé par la ville est variable. La ligne de séparation
entre le territoire soumis et insoumis est indécise.
Elle dépend de la force et de la faiblesse du prince.
Mais il existe toujours des zones vacillantes où l'Etat
peut, par la puissance de son armée et l'ingéniosité
de sa diplomatie, pratiquer une intervention irrégulière
en imposant les tribus afin d'amasser les richesses et donner
à la ville une allure physique plus monumentale et
plus prestigieuse ; à l'opposé, il arrive au
monarque d'être cerné dans sa capitale, réduit
de son Empire.
La ville arabo-islamique s'est ainsi définie, dès
ses débuts, par une double particularité territoriale
: elle compose un espace délimité et elle est
un croisement de mobilités qui vont des campagnes proches
jusqu'aux flux commerciaux de grande étendue. Sa position
centrale est également politique et symbolique, car
les pouvoirs temporel et spirituel y établissent leur
domination et s'y assemblent afin d'exprimer leur identité
face aux autres villes.
Mais la citadinité arabo-islamique ne se définit
pas simplement par comparaison à la ruralité.
Elle doit disposer de critères intrinsèques
ou comme disait J. Berque d'éléments impalpables
: traditions urbaines, culturelles et artistiques, "
souvenirs historiques, silhouettes bourgeoises, spécialisations
dans certains travaux, titres historiques ou spirituels. A
moins que ce ne soient des éléments matériels
: allure physique, enceinte de remparts, cachet architectural".
En d'autres termes, une bourgade ne peut être qualifiée
de ville que si elle rassemble les fonctions régies
par l'éthique musulmane se résumant dans un
symbole social puissant : le complexe architectural.
Ce dernier constitue un système urbain fortement organisé
et efficace, et la longue histoire des métropoles arabes
en a montré la vigueur et la stabilité. La ville
associe un certain nombre d'éléments qui pendant
des siècles vont la caractériser : mosquées,
médersas et zaouïas, palais et jardins, souks,
bazars, fondouks et échoppes d'artisans et de commerçants
façonnent le paysage urbain ; des voies de circulation
raccordent la ville à l'extérieur et un réseau
resserré de rues dessine son ordonnancement. L'enceinte
défensive et monumentale, qui procure la protection
militaire, manifeste le souvenir d'une domination territoriale.
Mais elle est également la matérialisation de
l'ultime enclos enserrant le lieu construit et habité
au-delà duquel tout change, y compris la culture citadine
musulmane elle-même. L'enceinte écarte la ville
de l'étranger mais aussi de la campagne " non
civilisée ", le lieu sacré et intime du
lieu profane. Ainsi, elle est protectrice de la norme et de
l'ordre social islamique. " Pour qu'une cité se
trouve à l'abri des surprises, écrivait Ibn
Khaldoun, il faut que toutes ses maisons soient à l'intérieur
d'une enceinte [...]. Ainsi, il sera difficile de la prendre
et on en fera une vraie forteresse".
La ville arabo-islamique de Tanger présente comme tant
d'autres dans la même aire culturelle une structure
similaire : une configuration urbaine dense, enfermée
dans des remparts flanqués de tours de guet et de défense.
Son plan urbain n'est pas le produit d'un plan directeur conçu
préalablement par des urbaniste . Les rues et les ruelles
surgissent en même temps que s'édifient les maisons
et les quartiers. Les bâtisseurs cachent, dissimulent
et réduisent au maximum les ouvertures à l'extérieur,
mais laissent un minimum d'espace libre pour leur mobilité
et celle de leurs voisins et des bêtes de somme dans
leur quartier et entre les quartiers de la médina.
Car, une cité sans ouverture est un non-lieu.
Un labyrinthe
organisé
Cet entrelacement
de ruelles n'empêche pas l'apparition fréquente
d'un tracé logique de voles de communication. II s'organise
selon des catégories spatiales spécifiques et
répond à un système de valeurs matérielles
et symboliques hiérarchisées : l'intérieur
et l'extérieur, le privé et le public, l'inclus
et l'exclu. II est ainsi l'expression d'un ordre social se
structurant par ses propres lois et se dotant d'une identité
marquée le définissant par rapport au monde
extérieur. Ce système a une propension à
pousser vers le dehors ce qui a une moindre valeur et à
placer vers le centre les éléments supérieurs.
Des grandes voies principales quasi rectilignes où
tout le monde peut circuler, mais sans vraiment rentrer, en
passant par les rues secondaires donnant accès aux
quartiers, aux petites impasses familiales privées
qui isolent et protègent les maisons des regards des
étrangers, il existe un réseau hiérarchique
de voies qui donne au plan urbain sa forme particulière.
II existe des lieux privilégiés qui commandent
et organisent le plan urbain et la hiérarchie des parcours
: la mosquée, le souk, les portes de la cité
et la casbah, résidence de pouvoir. Le réseau
de ruelles de la médina présente trois catégories
de voies: les axes principaux, les ruelles secondaires et
les impasses.
L'artère
principale : lieu d'échange et de rencontre
La voie
principale, rue Siyyâghîne (les orfèvres),
est celle qui met en relation le centre spirituel et économique
(Petit souk et Grande mosquée), d'où se ramifient
les rues et ruelles secondaires qui pénètrent
dans les quartiers résidentiels, avec les portes principales
du rempart qui communiquent avec l'extérieur. Elle
traverse entièrement la médina en suivant une
pente douce d'Est en Ouest. Mesurant un peu plus de 350 mètres
de longueur, cette transversale est quasiment rectiligne.
Elle s'est substituée au decumanus maximus de
la cité antique. Appelée Siyyâghine, en
raison du corps de métier qui y était installé,
elle est la rue marchande qui relie le grand souk, Souk d-Barra,
situé à l'extérieur du rempart en face
de la porte de la médina, Bâb al-Fahs, à
la porte du port, Bâb al-Marsâ, en passant par
le Petit souk intérieur, souk ed-Dâkhel, et la
Grande mosquée, Djâmaâ el-Kbîr.
Tout le long de sa bordure, s'étirent des échoppes
d'artisans et de commerçants, entremêlées
aux maisons néo-mauresques, d'un à deux étages,
construites à la fin du XIXe siècle par les
Européens. Elles composent une série linéaire
d'une maille compacte. Dans une vue générale
de la médina et de ses environs, cette artère
est le prolongement des voies de caravanes qui traversent
la campagne. C'est l'axe principal où tous les étrangers
à la ville peuvent passer pour acheter dans les souks,
prier dans la Grande Mosquée. De ce fait, elle est
dans une situation ambivalente : elle est dans la ville, mais
en même temps perçue comme étant à
l'extérieur de la ville, car l'étranger qui
la traverse reste exclu des zones résidentielles intimes.
Sa fonction essentielle est de canaliser le parcours des étrangers
dans la médina.
La Grande Mosquée, foyer de rayonnement intellectuel
et coeur spirituel et politico-social, et le marché
urbain intérieur (souk ed-dâkhel), contigus au
croisement de ces axes, constituent le pôle de convergence
de l'interaction sociale, le centre fonctionnel. II permet
non seulement aux habitants, mais également aux ruraux
de la région de Tanger et aux étrangers d'entrer
en contact.
Ainsi le centre capte, concentre et canalise les flux de capitaux
et d'informations, les métabolise et les disperse dans
le corps de la cité. Le point central de la rue Siyyâghîne
est occupé par le souk intérieur, Souk ed-Dâkhel,
par opposition au souk extérieur, sis à la croisée
des ruelles secondaires avec l'axe principal. De forme rectangulaire,
la place de quelques centaines de mètres carrés
était entourée avant le début du XXe
siècle d'échoppes de commerçants et d'artisans.
II tenait surtout lieu de marché de change entre les
monnaies marocaine et européennes. Le souk a subi dès
la fin du XIXe siècle des mutations architecturales
importantes. "On n'y remarque plus aujourd'hui, écrivait
Michaux-Bellaire, que des cafés européens et
indigènes, des banques, des établissements divers
; le souk ed-Dâkhel est devenu une sorte de forum cosmopolite,
où se brassent des affaires de tout genre". Le
souk intérieur reste le centre des affaires de Tanger
jusqu'aux années 30, période à laquelle
il sera transféré dans la ville moderne.
Souvent, dans l'activité productive ou commerciale,
la division du travail et la division géographique
coïncident, car chaque corps de métier a tendance
à se concentrer dans un souk ou dans une rue. On sait
déjà que l'exclusion des activités économiques
de l'espace résidentiel est quasiment appliquée.
Elle exprime la différence fonctionnelle entre les
quartiers d'habitation et les quartiers d'affaires.
Ce qui est frappant dans la comparaison des villes "arabo-musulmanes"
est la similitude relative de la répartition géographique
des activités commerciales dans l'espace qui leur est
imparti. A chaque métier une rue particulière.
Les marchands ne se rassemblent pas seulement selon la nature
des produits ou selon leur spécialité, mais
également selon le marché où ils sont
établis.
II arrive souvent que des artisans rassemblés en corps
de métiers et installés dans une même
rue écoulent eux-mêmes leurs produits. Ici, le
négoce coïncide avec la division du travail et
la classification topographique. Le toponyme atteste encore
actuellement cette coïncidence. Multiples sont les lieux
qui portent le nom d'un corps de métier, même
si parfois le toponyme ne correspond plus à la réalité
qu'il désignait auparavant.
Les espaces économiques s'ordonnent suivant une hiérarchie
de jugements de valeur dans laquelle les lieux des activités
sont disposés à partir du centre fonctionnel
jusqu'aux portes, et méme au-delà. L'emplacement
des souks et des marchés est commandé par le
caractère plus ou moins citadin, plus ou moins noble,
et par la valeur des produits mis en vente. Entre cette classification
subjective et une classification fondée sur des critères
de commodité, on constate souvent des ressemblances
: les activités polluantes sont installées à
proximité des lieux appropriés, loin du centre,
tandis que les activités de luxe sont établies
près de la mosquée.
La kissaria au Maghreb occupe traditionnellement une position
topographique centrale dont Louis Massignon estime qu'elle
est permanente. Le fondouk (khan ou caravansérail)
terme d'origine grecque est un bâtiment à fonctions
multiples : hôtellerie, entrepôt, atelier. II
est rare qu'un fondouk réunisse ces trois fonctions.
En l'absence de toute relation familiale ou sociale avec les
habitants de la médina, les voyageurs de passage, commerçants
ou pèlerins, ont recours au fondouk. Là, ils
trouvent un logement pour eux, un entrepôt pour leurs
marchandises et une écurie pour les montures, moyennant
un prix très modique.
Les ruelles secondaires
: espaces intermédiaires
A partir
de l'artère principale, joignant l'intérieur
et l'extérieur de la médina, partent pratiquement
toutes les ruelles secondaires qui relient les quartiers résidentiels
au centre et à la casbah et donnent à l'ensemble
du réseau une forme relativement radiocentrique. D'une
largeur qui ne dépasse pas trois mètres, les
ruelles secondaires tortueuses et quelquefois couvertes ne
permettent guère une perception théâtralisée,
une appréhension distanciée de la morphologie
spatiale, car la vision, toujours obstruée par les
murs proches, ne saisit qu'un fragment du tissu urbain.
Elles assurent des fonctions élémentaires par
la présence d'équipements collectifs indispensables
au déroulement de la vie quotidienne des quartiers.
Il s'agit surtout du four public, du hammam, de la fontaine,
de la petite mosquée ou de l'école coranique.
Espace de communication réservée aux habitants,
le rural ou l'étranger ne les parcourt que s'il possède
un lien de parenté ou de clientèle dans les
quartiers : on y passe, mais on ne s'y arrête pas.
Ce n'est pas un hasard si le terme quartier, en arabe hayy,
désigne tout d'abord un "clan". Cette notion
illustre clairement, méme si cela reste théorique,
que le "clan", réel ou fictif, se retrouve
dans les quartiers, au moins à la fondation de la ville
pour se mêler dans le temps avec les liens de clientèle,
de protection, de voisinage, etc...
Si le quartier, tel qu'il existe actuellement dans les médinas,
coïncide peu avec les réalités sociales
qui, jadis, lui ont donné naissance, il n'en a pas
toujours été ainsi : dans un passé proche,
les quartiers formaient sans doute des unités spatiales
relativement homogènes.
Ce semi-cloisonnement n'empêche nullement l'intégration
des habitants au réseau d'interactions plus ample :
celui de la cité tout entière. Les grands achats,
la prière dans la grande mosquée sont autant
d'expressions du décloisonnement. Les différentes
pratiques rituelles qui s'opèrent collectivement une
fois par an, le jour de l'anniversaire du Prophète,
sont un signe de cette ouverture. Ces festivités permettent
aux organisations des quartiers, aux corporations, aux confréries
de toute la médina de manifester symboliquement leur
communion par la participation à la fête et l'identification
aux saints patrons de la ville. Dans une communauté
restreinte, comme celle du quartier où tout le monde
se connaît, le contrôle social qui en résulte
est effectif et fonde son efficacité sur la visibilité
en se référant au vécu, aux normes religieuses
mêlées aux traditions ancestrales.
Le contrôle de chacun par tous est constant, il s'exerce
d'une manière directe et immédiate. Vite repérée,
une personne déviante, un trublion subissent immédiatement
une sanction collective. Le commérage est également
un puissant facteur de contrôle social conduisant à
une censure collective des moeurs. Chaque individu, qui est
sans cesse sous le regard des autres, prend en compte ce genre
d'informations, sorte "d'opinion publique" qui surveille
la conformité du comportement avec minutie. La crainte
de la réprobation collective, de la honte et du déshonneur,
de l'exclusion du groupe, règle les comportements et
les conduites et tend à façonner ies habitants
à la conformité de la tradition.
De ce fait, l'organisation y apparaît comme particulièrement
cohérente et solidaire. Chaque individu représente
le groupe auquel il appartient. II est connu comme fils d'Untel
qui est lui-même fils d'Untel. Le nom a un pouvoir symbolique.
Le contrôle est si fort dans le quartier, qu'une multitude
de problèmes sociaux et édilitaires peuvent
trouver leurs solutions pratiques. Le sens de l'honneur, le
souci de livrer à autrui une image de soi exemplaire,
conforme aux règles de la civilité, agissent
sur les moindres conduites des individus et dominent les relations
de voisinage. Les droits et devoirs de bon voisinage, nécessités
vitales à ce type de cohabitation, exigent pour chaque
habitant l'assentiment des autres.
Les impasses :
proximité spatiale et proximité sociale
Au-delà
de ces parcours, le secteur résidentiel semble exclure
toute possibilité de passage. Reliés par le
réseau de ruelles, les pâtés de maisons,
unités compactes d'habitations d'un à deux étages,
qui s'étendent quasiment sans interruption entre le
centre de la médina et l'enceinte fortifiée
pour constituer la morphologie urbaine, sont percées
par de petites impasses donnant accès à des
maisons enclavées.
II s'agit là d'espaces où résident d'autres
réalités cachées, non perçues
par le visiteur, mais qui couvrent, en fait, la plus grande
partie de la surface de la ville. Prohibée pour les
non-habitants de l'impasse, elle n'est pas un lieu de promenade.
De fait, elle accomplit matériellement sa fonction
qui est d'assurer la ségrégation entre l'espace
public et privé, et par là, le monde des hommes
et la vie secrète et protégée des femmes.
Ici, le mystère se conjugue avec l'interdit.
Espace résidentiel et domestique, dépourvu de
toute vocation économique, elle regroupe souvent un
certain nombre de maisons qui gravitent plus ou moins autour
d'un noyau central, constitué par une ou plusieurs
maisons appartenant à un notable, dont l'honneur et
le rang social sont connus et reconnus par les habitants de
la médina.
La ségrégation spatiale obéit beaucoup
plus à une division ethnique, confessionnelle, public/privé,
ancien et nouveau citadin, qu'à une division socio-économique.
Les habitants d'une même impasse, qui constituent une
petite communauté solidaire, entretiennent des relations
dépassant les simples relations de voisinage.
Et ce n'est pas par hasard que l'espace urbain est divisé
en deux secteurs fortement différenciés reconnus
par le pouvoir politique et judiciaire : " les zones
publiques, où la responsabilité appartient aux
autorités politiques, et les zones privées [...],
où les résidents, habitant dans les maisons
voisines, doivent répondre des suites d'un crime qui
s'y commet". [...] Un délit ou un crime, dont
l'auteur reste inconnu, est imputé aux habitants de
l'espace où il s'est commis. Cette responsabilité,
engageant tout le groupe, repose sur une conception de la
jurisprudence musulmane : la présomption de négligence.
Au cas où le coupable resterait introuvable, le cadi
condamnera néanmoins les habitants du lieu, même
s'ils s'avèrent innocents, à la diya (amende),
au profit des victimes du délit, ou en cas de meurtre,
au bénéfice des héritiers de la victime".
C'est dans le derb que l'individu commence, dès son
enfance, son processus d'intégration fonctionnelle
à la société, processus par lequel il
intériorise les structures sociales, culturelles et
spatiales sous l'influence du groupe familial, et par là,
s'adapte au milieu où il doit vivre. C'est à
travers l'éducation familiale dans la maison, puis
sociale dans le derb, le quartier et la médina que
le garçon et la fille sont préparés au
statut juridique et social qui sera le leur. Ils apprennent
très tôt leur situation légitime au sein
du groupe familial et social. Tous les comportements rituels
liés à l'espace domestique et extra-domestique,
toutes les différentes cérémonies qui
marquent les étapes essentielles de la vie sont là
pour rappeler la division sexuelle du travail, et par voie
de conséquence, la division sexuelle de l'espace.
La division sociale, sexuelle et fonctionnelle est l'une des
raisons principales de la constitution de ce dispositif spatial
: l'impasse. De l'extérieur, elle paraît être,
comme son nom l'indique, une entrave à la circulation,
un cul-de-sac, mais vue de l'intérieur, l'impasse est
un espace de rencontre, de visite et d'échange, un
espace de convivialité. Les femmes et les enfants qui
y habitent circulent librement ; même les hommes, car
ils sont considérés comme des proches. En raison
de ces différents liens, les maisons, connues de tout
le monde, restent ouvertes à tous les habitants du
derb. qui, sans y être invités, peuvent entrer
en frappant seulement à la porte et annonçant
le mot qarîb (proche). Les visites quotidiennes, la
commensalité, l'assistance mutuelle, la participation
aux différentes cérémonies rituelles,
les échanges de dons et de contre-dons, le prêt
réciproque des maisons, du mobilier, des ustensiles
finissent par créer un réseau de solidarité
et d'entraide multiforme qui anime la vie du derb et constituer
ainsi une petite communauté régie par l'éthique
des relations de voisinage quasi domestiques.
La médina qui semblait avoir, à priori, une
configuration spatiale "anarchique" et "désordonnée"
nous livre, après lecture adéquate du plan urbain
et de ses différentes composantes, un ordre intrinsèque,
une cohérence et une logique spécifiques sécrétés
non pas par des décisions et des réglementations
objectives, c'est-à-dire écrites, et des représentations
abstraites préalables, mais par un savoir-faire artisanal,
un sens pratique liés à des conditions sociales
de production de cette architecture.
Comme je viens de vous le présenter, la médina
est puissamment organisée autour du centre spirituel
et commercial, à partir duquel se structurent les fonctions
religieuses, sociales et culturelles. De la mosquée-cathédrale,
Djâmaâ el-Kébîr, se déployaient
les corps de métiers en zones successives, établies
suivant une logique d'inclusion ou d'exclusion, croissante
ou décroissante des produits et des activités
plus ou moins polluantes ou nuisibles. La rue Siyyâghîne,
des Orfèvres, qui parcourt la ville d'Est en Ouest
et le fameux Petit Socco, espace commercial par excellence,
noeud du tracé urbain et le quartier Dâr ed-Dbâgh,
la Tannerie, situé à l'extrémité
est de la médina signalent encore cette disposition.
Les quartiers résidentiels, relativement exclus de
l'espace public et commercial, sont le produit de cet art
de bâtir qui octroie à la hawma et au derb une
certaine intimité. Les quartiers résidentiels
restent relativement exclus de l'espace public. Quant à
la casbah de Tanger, citadelle du pouvoir, dominant la médina
au Nord, elle abrite le palais du khalifat, le représentant
du sultan, actuellement affecté au musée de
la ville, le trésor, bayt el-mâl, la prison,
les garnisons, etc... Enceinte d'un rempart défensif
qui la met à distance de la cité, cette forteresse
est l'inscription sur le sol des relations politiques établies
dans l'histoire entre le pouvoir et les citadins. Urbanisme
et architecture sont ici l'expression de l'organisation sociale,
car le lien entre espace et société est total.
Les institutions urbaines, les communautés de quartiers,
les corps de métiers, les groupements confessionnels
contribuaient effïcacement à la gestion de la
ville et à la stabilité organique de l'espace
bâti.
3 / Crise de la
citadinité, crise de la ville
A partir
de la fin du XIXe siècle, Tanger entre dans une période
de transformations socio-économiques, culturelles et
artistiques profondes qui perdure encore. L'ancienne cité,
plus ou moins stable et définie dans ses murailles,
est aujourd'hui en péril. Le visiteur est choqué
par la vision de ruelles abandonnées, par le délabrement
des demeures anciennes aux murs fissurés, rongés
d'humidité. On cherchera en vain ces couleurs merveilleuses,
ce blanc éblouissant et ce bleu éclatant qui
ont tant fasciné Matisse par leur intensité
lumineuse. Qui peut en prévoir aujourd'hui la restauration
? Ce sont de modestes habitants qui résident maintenant
dans ces maisons. Seules les anciennes demeures bourgeoises,
avec vue sur la mer, dans la casbah et vers le port, ont été
rachetées à prix modique par des étrangers
fortunés afin d'être ravalées et ainsi
préservées. Elles forment désormais un
contraste saisissant avec le reste du tissu urbain sinistre
et dégradé. II est heureux que la restauration
du musée de la casbah ait été prise en
charge récemment par l'Etat. Mais ce qui est affligeant,
c'est que le Tangérois d'aujourd'hui, n'a pas, en général,
tellement conscience du patrimoine historique de sa ville.
Les monuments sont non seulement négligés et
abandonnés aux dommages du temps, mais aussi abîmés
par l'action de l'homme qui sous-estime et ignore son histoire.
Quant à la ville récente, c'est une autre aventure
qu'il serait trop long d'analyser ici. En somme, on passe
d'une cité stable à une ville où l'espace
et le temps bouleversent le rythme et les valeurs, c'est-à-dire
d'un urbanisme du signe à un urbanisme du nombre. Le
mouvement quantitatif est le principe méme de son ordonnancement.
Jadis, l'art de bâtir collectif obéissait à
la longue durée, car la ville, comme la tradition,
a besoin de temps pour mûrir, de méditation et
de beaucoup d'attention pour trouver un équilibre permanent
entre espace et société.
Une des grandes épreuves de la modernité que
Tanger a subies depuis plus d'un siècle est son explosion
démographique et son éclatement spatial. La
ville croît sans cesse et repousse ses limites à
l'infini. Elle comptait 150.000 habitants en 1956, 405.000
en 1991 à 627.963 en 1994 et environ un million aujourd'hui,
ce qui engendre des problèmes cruciaux, que ni l'Etat
ni la société n'arrivent à régler.
En plus d'un siècle l'augmentation de la population
urbaine, en quête de données sociales durables
et équilibrées, a créé un désordre
dans lequel l'introduction de techniques nouvelles a apporté
le trouble et parfois le chaos. La recherche d'une pause,
d'une stabilité même éphémère,
est contrecarrée par le décalage entre les cadences
de l'urbanisation et l'influence des techniques sur la société
et la vie quotidienne. La ville pléthorique, démesurée
et dévoreuse de surfaces agricoles, qui transforme
les hommes et leur culture, se déploie par la mobilisation
de son espace, qui devient marchandise et, plus encore, placement
spéculatif. Elle assemble des agglomérats, sans
les intégrer à la cité. Les lotissements
anarchiques de Beni Makada, les hideux lotissements des Fonctionnaires,
Hawmat el Mouadhdhafine et Hawmat Belgiga, l'abominable lotissement
Hawmat ech-Chouk (Les Epines) qui a gâché l'élégante
colline du Charf, autrefois boisée qui dominait fièrement
la baie de Tanger, et d'autres encore... créés
par des spéculateurs cupides, dégradent le paysage
urbain. Ici c'est l'expression typique du désarroi
social et de la décomposition des institutions urbaines
traditionnelles. Ces formes urbaines désagrègent
les identités culturelles sans procurer à leurs
habitants de nouveaux repères qui favoriseraient leur
enracinement dans des communautés nouvelles et leur
procureraient un ancrage dans leur espace. " Une urbanité,
à défaut de la perpétuation d'une citadinité
bien enracinée, est au coeur des problèmes d'adaptation
et d'intégration à la société
citadine". En somme, le modèle urbain traditionnel
en décrépitude n'a pas, pour l'instant, de substitut
capable de répondre aux formes modernes de la gestion
de la cité : véritable démocratie municipale,
vision globale de l'histoire, gestion adaptée à
la nouvelle culture urbaine notamment.
Objet d'une modernité espérée, la ville
de Tanger est actuellement source d'inquiétude et de
désarroi. N'est-elle pas, par excellence, le lieu de
toutes les crises, de tous les dangers? Car, elle est façonnée
par la cruauté des contrastes, la brutalité
des antagonismes, la violence des inégalités
et l'exagération des disparités de toutes formes.
Mais elle est aussi le lieu de l'émancipation, de l'accumulation
des richesses, légales ou illégales, et de l'initiative
individuelle. A cela s'ajoutent de graves préoccupations
liées à l'environnement (pollution importante
et nuisances menaçantes). Tous ces problèmes
se doublent d'une perte de citadinité séculaire,
d'une absence de norme sociale et d'un dépérissement
culturel. L'anonymat de la ville est accru par le renouvellement
de la population rurale, dépossédée de
ses racines sociales et culturelles, qui n'a pas acquis de
traditions urbaines.
La mondialisation bouleverse plus encore aujourd'hui les situations
dans lesquelles s'étaient édifiées les
villes historiques. Une nouvelle culture urbaine, mondiale
s'impose dans tous les domaines, et plus spécialement
celui de l'habitat. La construction d'immeubles et de villas
de styles divers qui abîment le paysage de la baie reste
l'apanage de l'Etat et des classes aisées. On construit
sans règle et sans ordre tout au long du rivage méditerranéen.
Mais le foisonnement de l'habitat " non-intégré
" rend forcément obsolète la notion même
de la citadinité arabo-islamique qui ne représente
plus aujourd'hui qu'une part minime de la cité.
On pourrait dire qu'il n'y a pas eu vraiment d'urbanisme dans
la ville de Tanger. C'est plutôt un effort de régulation
de l'anarchie de cette viile improvisée qui répondait
aux urgences, afin d'élaborer un urbanisme sans architecture
se limitant à installer des infrastructures minimales
pour permettre, dans un avenir incertain, l'intégration
d'une société urbaine de transition. Mais dans
une société en crise de la citadinité,
l'urbanisme est-il concevable ou n'est-il qu'une illusion...
?
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